Paris (awp/afp) - L'attentisme devrait dominer la semaine prochaine à la Bourse de Paris et sur les places européennes, les investisseurs rongeant leur frein avant les deux échéances clés de juin que sont la réunion de la Fed et le référendum britannique.

"C'est vraiment une semaine de transition qui s'annonce, sans indicateur majeur à l'horizon", anticipe Pascale Seivy, responsable du conseil en investissement chez Pictet.

"L'attentisme va donc rester de mise, les investisseurs évitant de se positionner avant la réunion de la Réserve fédérale américaine" les 14 et 15 juin et le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne le 23, complète-t-elle.

Françoise Rochette, responsable de l'allocation d'actifs de Mandarine Gestion, prévoit également une "semaine d'attente, sans événement significatif", avec des investisseurs déjà tournés vers la Fed et la Grande-Bretagne.

La Bourse de Londres et celle de Francfort auront quelques indicateurs avec notamment des chiffres de production industrielle en avril.

L'activité a ralenti dernièrement au Royaume-Uni après deux années de croissance assez vigoureuse et, à deux semaines du référendum sur le maintien ou non du pays dans l'Union européenne, les économistes s'interrogent sur l'impact des incertitudes autour de ce vote sur l'activité du printemps.

"Ce référendum est très difficile à interpréter pour les investisseurs, car il n'y a pas d'historique auquel se raccrocher", du coup ils ont plutôt tendance à temporiser, explique Mme Seivy.

-Rien de nouveau côté BCE et Opep-

L'éventualité d'une remontée des taux directeurs de l'institution monétaire américaine est également dans tous les esprits. Pour autant peu d'experts tablent sur un geste dès le mois de juin, en raison de la proximité avec le vote anglais.

"Les marchés n'ont jamais été aussi prêts à appréhender cette hausse de taux depuis le début de l'année, mais remonter les taux à une semaine du référendum serait un peu cavalier. D'autant que la présidente de la Fed, Janet Yellen, a beaucoup tenu compte dans ses derniers discours de l'environnement international", analyse Mme Seivy.

Face "aux signaux répétés" de la Fed ces derniers temps manifestant "sa forte inclination à remonter de nouveau les taux", les marchés financiers "sont restés relativement calme", soulignent également les économistes de BNP Paribas.

Le flegmatisme a d'ailleurs déjà été prégnant au cours des séances écoulées, alors même que l'agenda était cette fois plus que fourni, avec notamment le rapport mensuel sur l'emploi américain, qui s'est avéré décevant, et des réunions de la BCE et de l'Opep.

"La semaine a été assez terne et sans grande direction globalement avec rien de nouveau aussi bien du côté de la BCE que de l'Opep", estime également Mme Seivy.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a en effet maintenu en l'état jeudi à Vienne son niveau de production actuel, s'abstenant à nouveau de mentionner tout plafond chiffré.

La Banque centrale européenne (BCE) n'a pour sa part pas touché jeudi à ses taux directeurs, se contentant de réviser à la hausse ses prévisions de croissance et d'inflation pour la zone euro cette année au vu d'un léger éclaircissement de l'environnement macroéconomique.

Le rapport mensuel sur l'emploi américain a davantage surpris avec des créations beaucoup plus faibles que prévu même si le taux de chômage aux Etats-Unis a reculé en mai à son plus bas niveau en presque neuf ans.

La réponse de la Fed "va être la même que d'habitude: attendre", ont estimé dans une note les experts de Pantheon Macro, jugeant à l'instar de la plupart des observateurs qu'il ne fallait pas attendre de hausse des taux en juin.

Malgré l'agenda chargé, les mouvements sur l'ensemble de la semaine ont néanmoins été limités et l'attentisme a été particulièrement visible dans les volumes d'échanges anémiés.

"Lundi qui était une journée fériée aux Etats-Unis et en Angleterre, les volumes ont touché leur point le plus bas de l'année", observe Mme Seivy.

Et, comme le souligne Mme Rochette, "finalement, c'est une semaine où les marchés se sont montrés extrêmement résistants, à la limite de la complaisance".

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