Paris (awp/afp) - La Bourse de Paris a terminé en nette baisse de 1,03% jeudi et l'écart entre les taux d'emprunt de la France et de l'Allemagne a touché son plus haut depuis 2012 à l'approche du premier tour des législatives dimanche.

L'indice vedette CAC 40 a perdu 78,43 points à 7.530,72 points. Mercredi, il a cédé 0,69% et affiche à ce stade un bilan hebdomadaire en repli de 1,28%.

"On est entré en phase attentiste d'ici à ce que les choses s'éclaircissent en Europe, en France en particulier" où aura lieu dimanche le premier tour des élections législatives, commente Mabrouk Chetouane, responsable de la stratégie de marchés de Natixis IM.

Le marché sera attentif au dernier débat télévisé entre les représentants des trois blocs politiques jeudi soir avant la clôture officielle de la campagne vendredi.

Alors que les financiers s'inquiètent de la trajectoire du déficit et de l'endettement de la France selon la prochaine composition de l'Assemblée nationale, ces tensions se sont exprimées sur le marché obligataire.

Le taux français à 10 ans valait 3,27% contre 3,23% mercredi, celui de l'Allemagne était à 2,45%.

L'écart entre ces deux taux s'établissait à son plus haut depuis le 26 juillet 2012 jeudi, or le "spread", ou différence avec le taux d'intérêt d'un pays de référence - l'Allemagne pour l'Europe - est un indicateur qui mesure la confiance des investisseurs dans un pays, en l'occurrence, la France.

Le ministre allemand des Finances a par ailleurs mis en garde jeudi contre une "tragédie" sur le plan budgétaire en France si le futur gouvernement issu des élections législatives devait mener une politique budgétaire trop laxiste, lors d'une conférence devant l'institut économique IFO, en réponse à une question sur le sujet.

Selon Christian Lindner, la France pourrait vivre un moment comparable au Royaume-Uni à l'époque de "certaines décisions budgétaires du gouvernement Truss", qui lui avait fait perdre "sa crédibilité auprès des marchés des capitaux".

Le ministre libéral faisait référence à l'ancienne cheffe du gouvernement britannique, Liz Truss. Elle avait dû démissionner en 2022 peu après son arrivée à Downing Street, après avoir proposé un projet de budget ayant fait paniquer les marchés.

Aux Etats-Unis, le marché suivra le premier débat présidentiel jeudi soir également, mais "le facteur politique américain n'est pas une source de stress parce que l'on sait davantage où l'on met les pieds", a estimé Mabrouk Chetouane.

Les investisseurs attendent aussi la publication vendredi d'un indicateur d'inflation aux Etats-Unis, le PCE, qui est la mesure préférée de la banque centrale américaine (Fed) pour déterminer la trajectoire de sa politique monétaire.

Kering réévalué

L'entreprise de luxe Kering a bondi de 4,67% à 341,75 euros après plusieurs commentaires positifs d'analystes. Bank of America a changé sa recommandation de "vendre" à "acheter" tandis qu'UBS et Deutsche Bank ont conservé leur opinion positive sur l'action.

"Kering offre un potentiel scénario de redressement convaincant avec Gucci qui fait l'objet d'une réinvention, combinée à une expansion dans un certain nombre de divisions adjacentes qui se développent par le biais d'acquisitions", explique la banque allemande, qui a diminué à la marge son objectif cible de prix.

OVH applaudi

Le fournisseur français de services informatiques OVH a annoncé une croissance de 9% son chiffre d'affaires au cours de son troisième trimestre décalé, mettant en avant la "bonne progression du chiffre d'affaires des offres souveraines" et a confirmé ses objectifs annuels et ceux de moyen terme.

L'action s'est envolée de 14,18% à 6,08 euros, mais reste dans le rouge de près de 30% en 2024.

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