Paris (awp/afp) - Le risque politique écarté après l'élection d'Emmanuel Macron, les bourses européennes vont enfin pouvoir se recentrer sur les fondamentaux économiques, les indicateurs américains et les prochaines réunions des banques centrales étant les plus susceptibles de les sortir de leur torpeur post-électorale.

"Aujourd'hui, on manque clairement de catalyseurs et la situation pourrait se prolonger", a résumé auprès de l'AFP Wilfrid Galand, responsable de la stratégie de marché chez Neuflize OBC.

Mais les investisseurs internationaux qui se sont détournés de l'Europe avant le scrutin français devraient faire progressivement leur retour, laissant présager une accélération de la tendance à moyen terme.

"Post-élections, c'est souvent l'adage anglo-saxon +Buy the rumour, sell the fact+ (achetez la rumeur, vendez la nouvelle, NDLR) qui prévaut. On avait fortement anticipé ce résultat donc il y a une respiration qui est à peu près saine", a indiqué pour sa part Laurent Denize, co-directeur des investissements de Oddo BHF AM.

Avec la retombée de l'agitation politique française, les Etats-Unis devraient de nouveau cristalliser l'attention des marchés dans les semaines à venir alors qu'en zone euro, l'amélioration de la conjoncture ne cesse de se confirmer au fil des indicateurs.

"Le prisme principal des marchés actuellement est de savoir si l'on peut avoir une prolongation du cycle de croissance américain", a estimé M. Galand.

"Comment est-ce que la Réserve fédérale va piloter sa politique monétaire ? Cela peut être un point très important des marchés alors que tout le monde attend aujourd'hui une hausse des taux pour la prochaine réunion de la Fed le 14 juin", a-t-il détaillé.

La politique de la banque centrale américaine "est peut-être le risque le plus important sur les marchés", a abondé M. Denize.

- Atermoiements politiques américains -

En outre, si l'élection d'un pro-européen à la tête de l'Etat français dimanche a permis aux investisseurs d'évacuer le risque systémique d'un éclatement de la zone euro, d'autres inquiétudes politiques semblaient ressurgir de l'autre côté de l'Atlantique.

"Une espèce d'instabilité a l'air de se manifester de nouveau depuis le limogeage du directeur du FBI et celle-ci pourrait avoir des conséquences à moyen terme sur la possibilité pour l'administration Trump (...) d'être en capacité ou pas de faire ce fameux plan de relance fiscale que tout le monde attend", a expliqué M. Galand.

Or, si cette réforme largement anticipée par les investisseurs venait à faire défaut, "de la déception" pourrait refaire surface sur les marchés, a-t-il ajouté.

Côté européen en revanche, la reprise économique paraissait faire de moins en moins de doutes.

"On a des indicateurs microéconomiques et macroéconomiques qui sont très favorables, des résultats d'entreprises qui ont surpris à la hausse, soit une vraie matérialisation que la situation s'améliore", a souligné M. Denize.

"Les chiffres européens continuent à être bons", a également jugé M. Galand, citant la révision à la hausse des prévisions de croissance de la Commission européenne pour 2017 et une progression du PIB allemand de 0,6% au premier trimestre.

- Législatives en ligne de mire -

De nouveaux indicateurs pourraient en outre venir réveiller les indices dès la semaine prochaine.

Après des chiffres d'inflation américains ressortis en hausse et des ventes au détail qui ont accéléré en avril, ceux de la production industrielle sont attendus. Ils pourraient donner aux investisseurs de nouveaux indices sur le calendrier de la Fed.

Ce week-end sera par ailleurs marqué par "la production industrielle en Chine qu'il va falloir observer de près", a relevé M. Denize

En zone euro, les prix à la consommation et la deuxième estimation de la croissance au premier trimestre sont aussi à l'agenda tandis qu'en Allemagne sera publié le baromètre ZEW qui mesure le moral des investisseurs, attendu en hausse.

Même si la saison des résultats touche globalement à sa fin, ils seront encore nombreux la semaine prochaine au Royaume-Uni avec les publications annuelles de Vodafone et Burberry ainsi que les résultats semestriels d'EasyJet et de Thomas Cook.

Enfin, les élections législatives françaises, loin d'être jouées, restent également en toile de fond.

"La question qui va se poser, c'est est-ce que la France va continuer à être un problème pour faire avancer plus facilement l'Europe ou est-ce qu'il va y avoir une majorité (...) capable de transformer la France en moteur européen et en moteur économique ?", a conclu M. Galand.

afp/rp