Le premier constructeur automobile français, en difficulté depuis l'été 2011, a expliqué ses 4,13 milliards d'euros de nouvelles dépréciations d'actifs par l'évolution des normes comptables sur les écarts de valeur et par la dégradation du marché européen, dont le niveau pourrait selon lui rester durablement proche de celui de 2012.

Les ventes de voitures dans l'Union européenne ont chuté l'an dernier de 8,2% à 12 millions d'unités, leur plus bas niveau depuis 1995.

"Il y a eu une prise de conscience au deuxième semestre que la crise serait plus longue que prévu", a déclaré Jean-Baptiste de Chatillon, directeur financier de PSA, au cours d'une conférence de presse. "Il s'agit purement d'un ajustement comptable (...) complètement réversible, qui n'a rien à voir avec l'opérationnel."

Jean-Baptiste de Chatillon a estimé qu'à la différence des dépréciations de goodwill, les dépréciations d'actifs annoncées jeudi permettaient à PSA de "repartir d'une base assainie" et de "construire (son) plan 2015 sur une base saine."

Ces nouvelles annonces viennent toutefois s'ajouter à une série de péripéties déjà longue depuis que les difficultés du groupe sochalien ont commencé à faire surface avec la chute des ventes de voitures en Europe du Sud à l'été 2011. Le groupe a alors engagé un premier plan d'économies en Europe, annoncé ensuite des cessions d'actifs, puis engagé l'été dernier un nouveau plan social en France. A l'automne 2012, c'est sa division bancaire qui a due être secourue grâce à la garantie de l'Etat.

LE CONSENSUS DONNAIT JUSQU'ICI UNE PERTE DE 1,5 MD

Le détail des dépréciations fait apparaître 3,89 milliards d'euros d'ajustements entre la valorisation économique des actifs de la division automobile du groupe et les capitaux propres inscrits au bilan - 14,6 milliards d'euros au 30 juin selon des données Thomson Reuters I/B/E/S.

A ce montant s'ajoutent 243 millions d'euros d'autres nouveaux ajustements de valeurs enregistrés sur le résultat opérationnel du second semestre.

Les 4,13 milliards d'euros auront un impact de même montant sur le résultat net, part du groupe, a poursuivi PSA.

Avant ces nouvelles dépréciations, le résultat annuel, dont la publication est prévue mercredi prochain, était attendu en perte de 1,52 milliard d'euros, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

La perte nette pourrait ainsi atteindre désormais 5,6 milliards d'euros, contre un bénéfice net de 588 millions d'euros en 2011 et un résultat positif de 1,13 milliard en 2010.

PSA a précisé que les nouvelles charges annoncées n'affectaient pas sa solvabilité ou sa liquidité, et qu'elles étaient sans impact sur sa trésorerie. Le groupe a perdu en cash 200 millions d'euros par mois entre l'été 2011 et l'été 2012, et il a promis de revenir à l'équilibre fin 2014.

PSA, évincé du CAC 40 en septembre dernier, est valorisé 2,1 milliards d'euros à la Bourse de Paris.

Avec Gilles Guillaume, édité par Véronique Tison

par Laurence Frost et Sophie Sassard