Président de Vodafone Europe jusqu'en octobre dernier, Michel Combes, âgé de 51 ans, prendra ses nouvelles fonctions le 1er avril en remplacement de Ben Verwaayen, dont le départ avait été annoncé début février.

Diplômé de l'école Polytechnique et de Télécom ParisTech, il a occupé le poste de directeur financier de France Télécom de 2003 à 2006 et les fonctions de PDG de TDF de 2006 à 2008, ce qui lui confère une connaissance approfondie du marché français des télécoms.

En mai dernier, il avait été pressenti pour prendre la tête de SFR, la filiale de téléphonie de Vivendi.

La nomination de Michel Combes fait suite au départ de Ben Verwaayen, qui occupait la tête de l'équipementier télécoms depuis septembre 2008 mais n'a pas réussi à redresser les comptes du groupe dont la perte a atteint près de 1,4 milliard d'euros en 2012.

"(Michel Combes) devra, dans ses nouvelles fonctions, rétablir la rentabilité durable du groupe", a déclaré le président de l'équipementier Philippe Camus, cité dans un communiqué.

"TOUT A ÉTÉ TENTÉ, RIEN N'A FONCTIONNÉ"

Alcatel-Lucent a souffert l'an dernier du ralentissement des investissements des opérateurs télécoms. Dans ce contexte, il a lancé un plan de restructuration impliquant la suppression d'environ 5.500 emplois, suscitant notamment l'inquiétude du gouvernement français.

"Ben Verwaayen souhaitait faire du groupe une société profitable, toutefois, le contexte macroéconomique, concurrentiel et parfois un excès d'optimisme n'ont pas permis d'atteindre cet objectif", souligne un analyste de CM-CIC Securities.

"Ainsi, le challenge est grand pour son successeur, Michel Combes, avec une problématique de consommation de cash structurelle dont la solution durable réside dans une amélioration des performances opérationnelles".

Le nouveau patron devra donc poursuivre la stratégie de réduction des coûts engagée par le groupe tout en assurant le maintien de la recherche et développement afin de ne pas se faire devancer par ses concurrents.

Michel Combes a déjà dû faire face dans le passé à des situations difficiles, notamment lorsque la récession dans le sud de l'Europe menaçait Vodafone, ajoute un analyste du secteur. "Mais les défis qu'il devra relever chez Alcatel sont d'une autre ampleur: tout a déjà été tenté, et rien n'a fonctionné".

Le groupe a précisé que Michel Combes rejoindrait le conseil d'administration sous réserve d'approbation de son mandat d'administrateur par les actionnaires lors de l'assemblée générale du 7 mai prochain.

Le conseil d'administration d'Alcatel-Lucent a également approuvé la nomination du canadien Jean C. Monty au poste de vice-président du conseil avec effet immédiat.

Un porte-parole d'Alcatel-Lucent a indiqué que Philippe Camus devrait probablement rester à la présidence du groupe, le dirigeant ayant demandé le renouvellement de son mandat de trois ans.

Son nom avait circulé en début d'année pour intégrer le conseil d'administration d'EADS, mais le ministre de l'Economie Pierre Moscovici avait déclaré fin janvier qu'il avait "beaucoup à faire chez Alcatel."

L'ACTION, AU PLUS BAS EN OCTOBRE, REMONTE

En Bourse, l'action Alcatel-Lucent progressait de 2,46% à 1,168 euro vers 10h15, après avoir pris plus de 3% dans les premiers échanges, le SBF 120 progressant dans le même temps de 1,21%.

Le titre, qui affiche une progression de plus de 13% depuis le début de l'année, a profité d'un accord de refinancement de deux milliards d'euros conclu en janvier avec des banques après avoir touché un plus bas historique en octobre à 0,71 euro.

Depuis 2008 et l'arrivée de Ben Verwaayen à la tête du groupe, le titre Alcatel-Lucent a chuté de plus de 70%, faisant fondre la capitalisation boursière à seulement deux milliards d'euros et entraînant la sortie du titre du CAC 40 fin 2012.

Ben Verwaayen avait lui-même succédé au tandem Serge Tchuruk-Patricia Russo, qui avait tenu pendant deux ans les rênes du groupe issu de la fusion en décembre 2006 du français Alcatel et de l'américain Lucent.

Les deux anciens dirigeants n'avaient pas réussi à surmonter les difficultés liées à la mise en place de cette fusion.

Avec Blandine Hénault et Leila Abboud, édité par Gilles Guillaume

par Catherine Monin