Le vif rebond des places financières amorcé en octobre dernier a subitement pris fin mi-décembre, à cause d'un décalage de perception entre les attentes des investisseurs et le discours des banquiers centraux. Le rebond des actions s'était nourri de statistiques macroéconomiques favorables à une modération des hausses de taux directeurs. L'inflation américaine se faisait moins forte et les indicateurs d'activité tendaient vers le ralentissement économique voulu par la Fed. Les financiers avaient cru y déceler le signe d'un pic de taux inférieur à 5% d'ici le milieu de l'année prochaine outre-Atlantique. Voire la perspective d'une première baisse de taux avant la fin de l'année prochaine. Mais si la banque centrale américaine a effectivement réduit le rythme de ses hausses de taux de 75 à 50 points de base en décembre, elle a aussi prévenu que le marché était trop optimiste dans son appréciation du chemin restant à parcourir. D'où une douche froide sur les actions à partir de la mi-décembre.

En Europe, le discours était assez proche. Christine Lagarde a prévenu que le combat contre l'inflation est loin d'être gagné et que d'autres hausses de taux de 50 points de base se profilent. Cette prise de position a tranché avec le sentiment selon lequel la BCE allait se montrer un peu plus souple dans les semaines à venir. Il faut dire que l'inflation européenne, dopée par les prix de l'énergie, s'affiche toujours à deux chiffres au mois de novembre.

Ces deux annonces ont pris les investisseurs un peu par surprise, d'autant qu'elles s'accompagnaient de révisions à la hausse des anticipations d'inflation et à la baisse des projections de croissance. Finalement, le "pivot" dans la politique monétaire qu'ils croyaient avoir perçu reste hypothétique. Rappelons ici que les marchés actions sont marqués par l'assèchement des liquidités et qu'il regagnent à l'inverse de l'appétit pour le risque quand l'argent revient à circuler en abondance. Les banquiers centraux surjouent probablement un peu leur discours de fermeté – après tout il est possible d'obtenir des résultats par la simple force de la menace – ce qui n'empêche pas les indices boursiers d'avoir accusé le coup. Le traditionnel rally de fin d'année a du plomb dans l'aile en 2022, une année décidément atypique sur le plan boursier.

Dans le même temps, le grand ouf de soulagement consécutif à la fin de la stratégie zéro-covid en Chine a rapidement été suivi par de nouvelles interrogations. Que va-t-il se passer si les contaminations explosent dans le pays, comme cela semble être le cas ? Cela peut-il à nouveau désorganiser des lignes d'approvisionnement toujours fragiles ? Le redémarrage de l'économie chinoise sera peut-être encore décalé par les problématiques sanitaires. Il s'agit en tout cas d'un nouveau point de vigilance, puisque les remous qui affectent la seconde économie mondiale ont naturellement d'importantes conséquences sur l'écosystème mondial.

D’un point de vue graphique, après plus de 1000 points repris depuis le début du mois d'octobre et un retour sur des niveaux inédits depuis fin mars 2022, le CAC40 amorce un mouvement de consolidation, rattrapé par la perspective d’une poursuite des resserrements monétaires en Europe et aux Etats-Unis, lesquels pourraient nuire à la croissance et faire plonger l’économie en récession. En données hebdomadaires, l’indice demeure enfermé au sein du range 5762/6742 points depuis le début de l’année. A plus court terme, après une brève incursion au-delà des 6800 points mi-décembre, un brusque retour de l’aversion au risque a rapidement ramené l’indice vers les 6440 points, niveau correspondant à la moyenne mobile à 50 heures. En l’absence de préservation de ce niveau, on pourra s’attendre à une poursuite du mouvement en cours en direction des 6240 points dans un premier temps.