New York (awp/afp) - Les anticipations de resserrement des politiques monétaires ont fait grimper les taux obligataires mardi, tandis que les marchés ont conclu divisés, confrontés à des perspectives de croissance pessimistes mais des résultats d'entreprises de bon augure.

En Europe, les indices ont connu un début de séance difficile à leur retour de Pâques. Paris a perdu 0,83%, Milan a cédé 0,96%, Londres 0,20%, tandis que Francfort (-0,07%) a fini proche de l'équilibre.

A Wall Street en revanche, les indices ont conclu en nette hausse pour la première fois depuis trois séances.

Le Dow Jones a avancé de 1,45%. Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a gagné 2,15% et le S&P 500 est monté de 1,61%.

"Je crois qu'il s'agit d'une remontée de soulagement, alors qu'il y a un souffle d'optimisme anticipant le retour des dépenses de consommation à l'été, les voyages, la fin du port du masque", indiquait Maris Ogg, de Tower Bridge Advisors.

Aux États-Unis, une décision de justice a levé l'obligation du port du masque contre le Covid-19 dans les transports publics, suscitant sa mise en application immédiate dans les avions.

Sur le marché obligataire, les taux souverains atteignaient de nouveaux sommets: les rendements à dix ans de l'Allemagne et du Royaume-Uni étaient au plus haut depuis 2015, et grimpaient de sept points de base dans la journée.

Les taux des bons du Trésor américain à dix ans ont franchi allègrement la barre de 2,90% pour la première fois depuis début décembre 2018, à 2,93% contre 2,85% la veille.

Ces mouvements interviennent en réaction aux déclarations du gouverneur de la banque centrale américaine (Fed) le plus en faveur d'un resserrement monétaire strict. James Bullard a en effet estimé lundi qu'une hausse de 75 points de base (0,75%) des taux directeurs de la Fed n'était pas hors de question.

Sur le front macroéconomique, le Fonds monétaire international a fortement abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale pour 2022 en raison des "ondes sismiques" provoquées par la guerre en Ukraine et a prévenu que l'inflation était amenée à durer, en particulier dans les pays émergents.

"Le conflit et les sanctions affectent directement l'Ukraine, la Russie et la Biélorussie", expliquent les économistes de l'institution de Washington. "Mais les retombées internationales se propagent bien au-delà, notamment en Europe, via les prix des produits de base, les liens commerciaux et financiers, l'approvisionnement (en produits alimentaires et énergétiques, ndlr) et l'impact humanitaire".

La nouvelle offensive de l'armée russe dans l'est de l'Ukraine a renforcé les risques géopolitiques.

La chute des prix du pétrole, lestés par les chiffres de croissance future, a contribué à limiter les pertes des Bourses européennes. Les investisseurs craignent un effritement de la demande en or noir.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a dégringolé de 5,22%, pour clôturer à 107,25 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mai, a lui perdu également 5,22% à 102,56 dollars.

Concernant les résultats d'entreprises, les investisseurs surveillent le degré de résistance des entreprises face à l'augmentation des coûts et les anticipations pour le deuxième trimestre.

Le luxe en berne

Les valeurs du luxe cédaient du terrain face aux pressions inflationnistes, à des ventes de détail au plus bas depuis deux ans en Chine et à la hausse des taux obligataires, qui compromet la valorisation des bénéfices futurs des entreprises. L'Oréal, qui a présenté ses résultats après la clôture, a perdu 2,90%, Hermès 3,62%, Moncler 1,80%, Burberry 0,28%, tandis qu'à Wall Street Estée Lauder a sorti la tête de l'eau, gagnant 3,95%.

Deliveroo à l'amende

Deliveroo a chuté de 4,97% à 108,05 pence après avoir été sévèrement sanctionné mardi par la justice française, qui lui a infligé une amende de 375.000 euros, le maximum prévu par la loi, pour "travail dissimulé".

Netflix plonge

Netflix a perdu 200.000 abonnés dans le monde au premier trimestre, par rapport à la fin 2021, une première depuis plus de dix ans, et son action chutait en conséquence de 24% lors des échanges électroniques après la clôture de Wall Street.

Du côté des devises

Sur le marché des changes, le yen continuait à s'affaiblir face au dollar, un dollar s'échangeant pour 128,77 yens vers 18H30 GMT contre 126,99 yens lundi à 21H00 GMT.

L'euro était stable face au dollar (+0,06%) à 1,0789 dollar.

Le bitcoin prenait 1,41% à 41.247 dollars.

afp/al