La montée de l'incertitude politique et économique en Europe, notamment en raison de la progression de l'extrême droite aux élections européennes, a provoqué une réaction négative sur les marchés financiers européens. Le CAC40 a été particulièrement affecté suite à la dissolution de l'Assemblée nationale française et à l'annonce de nouvelles élections par le président Emmanuel Macron. Cette annonce a entraîné une chute significative de l'indice, qui a perdu 6,3 % en une semaine.

Cette chute est comparée à deux autres baisses marquantes des quatre dernières années : une perte de 10,2 % lors de la semaine du 28 février 2022, causée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie et la flambée des prix de l'énergie, ainsi qu'une chute de 6,4 % lors de la semaine du 26 octobre 2020, qui faisait suite à l'annonce d'un deuxième confinement lié au Covid-19.

En France, certains secteurs ont été particulièrement touchés : le secteur bancaire a souffert d'une dégradation des conditions économiques et financières, avec une chute de 12 % en une semaine. Les concessions et les services collectifs ont également subi une baisse de 11 %, en raison de l'impact des politiques centralisatrices, qu'elles soient de gauche ou d'extrême droite. L'incertitude devrait se maintenir sur le marché jusqu'à l'annonce des résultats du premier tour des élections législatives anticipées, prévues pour la fin du mois.

Parallèlement, la BCE ayant réduit ses taux de 0,25 %, l'orientation future des taux de la Fed reste incertaine face à un marché de l'emploi solide et une inflation tenace aux États-Unis. La résistance de l'économie américaine suggère un statu quo de la Fed sur les taux d'intérêt, avec une possible volatilité des marchés pendant l'été en attendant de nouveaux catalyseurs.

La dernière enquête mensuelle menée par Bank of America auprès des gestionnaires d'actifs mondiaux montre que les professionnels sont en mode "achat fort". Le sentiment global n'avait plus été aussi haussier depuis novembre 2021, et l'attrait pour les actions américaines ne faiblit pas. La part de gérants qui craignent un atterrissage brutal de l'économie mondiale s'est réduite à 5 %, contre 11 % le mois précédent et 26 % un an auparavant. Investir dans les géants de la tech américaine est devenu l'un des paris les plus saturés, soutenu par 69 % des gestionnaires depuis plus d'un an.

Ainsi, Nvidia est devenue la première capitalisation mondiale. Il y a deux ans, cet avènement aurait été jugé impensable. Nvidia, Microsoft et Apple pèsent chacune environ 3 300 milliards de dollars. Pour illustrer, la valeur de chacune de ces entreprises est supérieure à l'ensemble des capitalisations boursières combinées de Paris et de Londres. D'un autre côté, le plus gros risque identifié actuellement est une hausse de l'inflation, bien que celle-ci ait fortement diminué par rapport aux mois précédents. Il est à noter que l'enquête a été menée du 7 au 13 juin et qu'elle n'a donc pas parfaitement pris en compte le désordre politique européen.

Le CAC 40 a inscrit un nouveau record absolu le 10 mai à 8 259 points, avant de subir de vifs dégagements.
Sur un mois, parmi ses composantes, STMicroelectronics a gagné 4,42 %, Michelin 3,9 %, Renault 2,36 % et Schneider Electric 0,74 %. À l'inverse, Engie a chuté de 15,7 %, Société Générale de 14,6 %, Vinci de 12,4 %, BNP Paribas de 12 % et Bouygues de 11,8 %.

Graphiquement, la tendance est désormais orientée à la baisse tant que l'indice se maintient en dessous des 7 864 points, seuil qui coïncide avec la moyenne mobile sur 20 jours.
La zone des 7 466 points, constituant la borne inférieure d'un gap ouvert le 26 janvier dernier, devra freiner la pression vendeuse. Faute de quoi, nous pourrions assister à des prises de bénéfices plus prononcées, susceptibles de ramener rapidement l'indice vers le niveau des 7 300/7200 points.