Paris (awp/afp) - Les marchés corrigeaient significativement jeudi face à la perspective de voir le soutien monétaire massif de la Réserve fédérale américaine se réduire dès cette année.

Au lendemain de la parution du compte-rendu de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed, les indices pliaient nettement en Europe et en Asie, dans le sillage de la chute à Wall Street la veille.

Les places asiatiques ont clôturé dans le rouge: Tokyo a perdu 1,1%, Hong Kong 2,1% et Shanghai 0,6%.

Le Vieux Continent subissait le même choc: vers 08H50 GMT, Paris lâchait 2,91%, Francfort -1,86%, Londres -2,22% comme Milan.

"Les marchés actions chutent et le dollar se renforce alors que les 'Minutes' de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed indiquent que la banque centrale des Etats-Unis va commencer à diminuer ses achats mensuels d'obligations dans peu de temps", commente Neil Wilson, analyste de markets.com.

Selon les Minutes de la Fed, l'idée d'une réduction du soutien monétaire dès cette année gagne du terrain au vu des progrès économiques et sur le front de l'emploi. Et ce, même si les membres du comité de la politique monétaire de la Fed restent divisés sur le moment le plus opportun pour commencer à le faire.

Les investisseurs, en manque de visibilité, espèrent obtenir davantage d'éléments sur le calendrier et la diminution du rythme des achats mensuels d'actifs de la Fed, lors du symposium des banquiers centraux à Jackson Hole la semaine prochaine.

Depuis plus d'un an, les marchés financiers s'appuient sur les largesses des banques centrales et de la reprise économique engagée pour remonter la pente sans vergogne et de façon exponentielle. Tour à tour, ils ont atteint, approché ou multiplié des performances jamais vues.

"Rarement un rebond des marchés aura été aussi important et si impressionnant", souligne John Plassard, responsable de l'investissement chez Mirabaud.

"Songez seulement, le rebond que nous venons de connaître sur le S&P 500 depuis les bas de 2020 est le plus violent depuis la Deuxième Guerre mondiale", rappelle-t-il, l'indice ayant gagné près de 100% depuis le creux abyssal de mars 2020.

Depuis plusieurs semaines, de nombreux experts se demandaient si cette situation allait encore être soutenable et ne se montraient pas surpris à l'idée que le marché fasse un peu marche arrière.

Les thèmes de l'inflation et d'un possible resserrement monétaire de la part de la Fed sont les deux leitmotiv des marchés depuis des mois.

Sur le marché de la dette souveraine, le taux américain à 10 ans se repliait de 5 points de base par rapport à la veille, à 1,23%.

Les matières premières plombent la cote londonienne

Vers 08H45 GMT, le marché britannique souffrait comme ses homologues du discours de la Fed et était surtout plombé par le secteur des matières premières, le plus sensible à la conjoncture. Au sein du secteur minier, Antofagasta perdait 5,17% et Anglo American s'effondrait de 11,6%.

Le secteur pétrolier souffrait également, inquiet pour la reprise économique mondiale, à l'image de la chute des cours du brut. BP lâchait 4,44% et Royal Dutch Shell (action "B") 2,73%.

Le luxe fait chanceler Paris

Les actions liées au luxe, qui représentent plus d'un quart de l'indice de la Bourse de Paris, continuaient de plonger. Vers 09H18, le géant LVMH chutait de 5,82% à 616,30 euros, Hermès s'enfonçait de 3,48% à 1235,50 euros et Kering dégringolait de 8,45% à 657,40 euros.

Philip Morris accroît sa participation dans Vectura

Le géant américain du tabac Philip Morris a annoncé jeudi être encore monté au capital du fabricant britannique d'inhalateurs médicaux Vectura dont il détient désormais 29,16% et sur lequel il a lancé une offre de rachat controversée.

Le pétrole continue de refluer

Les cours du pétrole poursuivaient la baisse, accueillant mal la diminution des stocks de pétrole brut aux Etats-Unis et le renforcement du dollar.

Vers 08H35 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 66,19 dollars à Londres, en baisse de 2,99% par rapport à la clôture de mercredi.

A New York, le baril américain de WTI pour le mois de septembre perdait dans le même temps 3,44% à 62,96 dollars.

L'euro perdait 0,15% face au billet vert, à 1,1694 dollar.

Le bitcoin gagnait 0,48% à 44'751 dollars.

afp/buc