PARIS (awp/afp) - La réunion de la Réserve fédérale américaine constituera le principal rendez-vous de la semaine prochaine à la Bourse de Paris et chez ses voisines européennes, qui semblent prêtes à digérer un nouveau resserrement monétaire.

"En l'espace de quelques semaines, les marchés qui tablaient sur un nouveau resserrement des taux directeurs de la Fed seulement en mai ont complètement revu leurs anticipations pour se focaliser sur la réunion la semaine prochaine", résume auprès de l'AFP Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

"La communication de l'institution et de ses responsables a été très réussie. Ils ont vraiment fait le travail pour recalibrer les attentes", complète-t-il.

Confortés par une économie américaine au beau fixe, les responsables de la Fed, sa présidente Janet Yellen en tête, ont en effet multiplié les interventions en ce sens, cette dernière affirmant que cette option était "sur la table" pour la session des 14 et 15 mars.

Le rapport mensuel sur l'emploi américain en février publié vendredi, marqué par une forte hausse des créations d'emplois au-delà des attentes des analystes, a apporté une confirmation supplémentaire.

Cela a aussi permis au marché parisien de se hisser une nouvelle fois au-dessus des 5.000 points et d'atteindre son plus haut niveau en séance depuis août 2015.

- Brexit imminent -

Car même s'ils sont naturellement peu enclins à voir la générosité des banques centrales diminuer, les investisseurs ont eu le temps de se faire à l'idée.

"Les marchés semblent prêts pour cette hausse, ils ont largement pu s'y préparer et ils sont d'ailleurs déjà plutôt bien orientés", souligne Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

"L'enjeu du coup de cette réunion sera plus de savoir si elle donnera plus d'indications sur les hausses suivantes", anticipe M. Dembik en estimant "que les commentaires éventuels sur le programme économique du nouveau président américain Donald Trump" seront également traqués.

Les attentes sont en revanche beaucoup plus limitées en ce qui concerne la Banque d'Angleterre (BoE).

Sans conférence de presse de son gouverneur Mark Carney, les investisseurs se contenteront d'éplucher le communiqué de la banque centrale, qui a toutes les chances de rester accommodante encore un moment, compte tenu des incertitudes autour du Brexit.

Car le lancement officiel des négociations sur ce dossier semble imminent et interviendra rapidement une fois passé au Parlement, possiblement en début de semaine prochaine, le projet de loi permettant cette activation.

Alors que la Bourse de Londres reste proche de ses sommets historiques atteints début mars, cet événement pourrait avoir un impact sur la livre britannique et par ricochet sur le marché boursier londonien et ses voisins européens.

- Premiers signaux de la BCE -

L'agenda macroéconomique compte également quelques indicateurs, comme des chiffres immobiliers, l'inflation et la confiance des consommateurs aux États-Unis, ou en zone euro la production industrielle, ainsi que le baromètre ZEW du moral des investisseurs allemands.

La Bourse de Francfort aura aussi encore les résultats de poids lourds comme l'énergéticien EON, le réassureur Munich Re ou le transporteur aérien Lufthansa

Mais l'impact de toutes ces publications risque d'être limité, à l'ombre de la Fed.

"Les investisseurs seront surtout focalisés sur ce rendez-vous" confirme M. Dembik, ce qui donnera sans doute "un début de semaine attentiste" suivi par un mouvement plus franc une fois l'échéance passée.

Un schéma classique qui a aussi prévalu pour la réunion de la Banque centrale européenne cette semaine.

L'institution monétaire européenne a pour sa part opté pour le statu quo tout en relevant ses prévisions de croissance et d'inflation.

"La BCE s'est montrée moins accommodante que ce que les investisseurs anticipaient. Certes, il n'y a pas eu de virage monétaire, mais l'institution a envoyé des signes clairs qu'elle allait emboîter le pas à la Fed", analyse M. Rollin.

"Pour les actions, cela a constitué un cocktail plutôt favorable, et à moins d'une mauvaise réaction au verdict de la Fed" ou d'agitations liées aux élections en Europe, poursuit-il, l'indice parisien a "une chance de s'installer plus durablement au-dessus des 5.000 points".

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