Après s'être arrogé plus de 7% hier, la bourse de Paris a effacé 50% de cette hausse vers 14H00 (idem pour l'E-Stoxx50 qui rechute de -3,5%), juste après la publication du communiqué de la BCE, jugé pas assez 'colombe', c'est à dire pas assez volontariste en matière de soutien à la croissance.

Le CAC40 (-3%) est retombé vers 6.166 avant de se redresser vers 6.200 alors que Christine Lagarde évoque devant la presse le recours à tous les instruments nécessaires pour faire face à la situation... qui penche en faveur d'un ralentissement de la croissance.
Mais il serait très modéré (-0,5%) puisque la BCE annonce 3,7% de hausse du PIB de la zone Euro en 2022 (un optimisme qui n'est pas partagé par l'ensemble des économistes) avec une inflation qui surprend à la hausse cette année mais se normaliserait à +2,1% en 2023 et +1,9% en 2024... et se stabiliserait autour de 2% ultérieurement.
Les marchés obligataires qui étaient stables se matin se dégradent brutalement avec +8PPts sur nos OAT à 0,733% et les Bunds à 0,282%.

Hier, les investisseurs avaient perçu des signes d'apaisement dans les relations diplomatiques entre Kiev et Moscou après que le président ukrainien eut assuré que l'Ukraine était 'ouverte' à des discussions sur la question de sa neutralité ainsi qu'au statut du Donbass, la région séparatiste pro-russe.
Mais aujourd'hui, il autorise les civils ukrainiens à tuer des soldats russes par tout moyen à leur disposition, ce qui en fait des belligérants d'un type un peu particulier, n'obéissant à aucune chaine de commandement: c'est la 'guerrilla'... et cela change la donne pour les soldats russes qui ne devaient s'en prendre qu'à des cibles militaires.

Selon Danske Bank, l'optimisme manifesté par les marchés quant à une issue prochaine du conflit est 'prématuré'. D'ailleurs, l'avancée russe se poursuit dans le pays et le bombardement d'un hôpital pédiatrique à Marioupol a provoqué une indignation mondiale, Volodymyr Zelenski n'hésitant pas à qualifier cette attaque de 'crime de guerre'.

La Cour pénale internationale a d'ailleurs ouvert une enquête sur de possibles crimes de guerre commis par les troupes russes depuis le début de leur opération militaire.

Dans le sud, Odessa, retient son souffle: ce port, poumon économique du pays, devrait être la prochaine cible et tomber aux mains des troupes russes, privant l'Ukraine de son dernier déboucher maritime stratégique.

Dans ce contexte, le président ukrainien a officiellement déposé une demande d'adhésion à l'Union Europénne, une demande qui pourrait plutôt prendre la forme d'un partenariat sur le court terme tant le processus d'adhésion est long et complexe. Les critères économiques pourraient aussi être rédhibitoires pour Kiev: pour rappel, le PIB par habitant en Ukraine est quatre fois moins élevé que le PIB/hab en Roumanie, qui est déjà le dernier des 27 sur ce critère.

Toutes ces questions devraient être discutées aujourd'hui et demain à Versailles où Emmanuel Macron a convoqué un sommet européen. Les 27 se pencheront notamment sur l'idée d'une défense commune européenne mais aussi sur les moyens de sortir de leur dépendance aux hydrocarbures russes.

De son côté, le Brent reste sujet à une très forte volatilité: le baril s'échange maintenant pour 115$ quand il en fallait encore 130$ avant hier et 111$ hier soir... A ce sujet, les Emirats Arabes Unis ont annoncé qu'ils appelleraient les pays de l'OPEP à revoir à la hausse leurs quotas de production.
L'or a aussi amorcé un recul, le métal jaune cède plus de 2%, à 2.005 $ pour une once.

Côté chiffres, les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté de 0,8% en février en rythme séquentiel (comme prévu), d'après le Département du Travail qui fait état d'une inflation de 7,9% au mois de février en rythme annuel.
L'élément négatif, c'est l'inflation 'core' (hors énergie) qui accélère également de +0,4% à +6,4%, un taux historique (jamais vu depuis 40 ans), les T-Bonds se tendent de +3% à 1,98%, le '30 ans' refranchit les 2,30%.
Wall Street est anticipé en repli de -1,5% en préouverture... seul Amazon qui 'splitte' (divise par 20 le nominal) de son titre devrait ouvrir en forte hausse.

Dans l'actualité des valeurs françaises, JCDecaux publie un résultat net part du groupe de -14,5 millions d'euros au titre de 2021, en hausse de 590 millions, et une marge opérationnelle ajustée à 15,4%, en amélioration de 9,3 points, reflétant 'un fort levier opérationnel grâce à un contrôle strict des coûts'.

Le groupe d'investissement Eurazeo publie un actif net réévalué (ANR) par action de 117,8 euros à fin 2021, en croissance de 40% dividende inclus, ainsi qu'un résultat net part du groupe de près de 1,58 milliard d'euros engrangé sur l'exercice écoulé.

Maisons du Monde annonce proposer un dividende record de 55 centimes d'euros par action au titre de 2021, soit un ratio de distribution de 36% sur la base du BPA de 1,52 euro (hors cession de Modani) engrangé sur l'ensemble de l'année.

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