(Ajoute réaction de Hayden, porte-parole de McCabe, élus démocrates)

par Steve Holland et Jonathan Landay

WASHINGTON, 24 juillet (Reuters) - Donald Trump envisage de retirer leurs habilitations de sécurité à six anciens responsables des services de renseignement, dont le directeur de la CIA à l'époque de Barack Obama, John Brennan, et le directeur du FBI limogé par Donald Trump, James Comey, a annoncé lundi la Maison blanche.

"Le président n'envisage pas seulement de retirer son habilitation de sécurité à Brennan, il envisage aussi de retirer les habilitations de Comey, Hayden, Clapper, Rice et McCabe", a déclaré la porte-parole de Donald Trump.

Sarah Sanders faisait référence à l'ancien directeur de l'Agence nationale de la sécurité (NSA), Michael Hayden, l'ancien directeur du Renseignement national, James Clapper, l'ancienne conseillère à la sécurité nationale Susan Rice et l'ex-directeur adjoint du FBI, Andrew McCabe.

De nombreux anciens responsables du renseignement conservent leurs habilitations lorsqu'ils quittent leurs fonctions, soit parce qu'ils continuent à conseiller leurs anciens services, soit parce qu'ils en ont besoin pour occuper d'autres fonctions gouvernementales ou en tant que consultants.

La Maison blanche reproche notamment à John Brennan d'avoir vivement critiqué Donald Trump après sa conférence de presse avec Vladimir Poutine il y a une semaine à Helsinki, pendant laquelle le président américain a donné davantage de crédit au dénégations de son homologue russe quant à une ingérence dans l'élection présidentielle de 2016 qu'à l'avis de ses propres services de renseignement. L'ancien chef de la CIA a notamment parlé de comportement proche de la trahison.

"Quand on accuse le président des Etats-Unis de trahison alors qu'on a le niveau le plus élevé d'habilitation de sécurité, quand on est détenteur des secrets les plus profonds et les plus sacrés du pays et qu'on lance publiquement de fausses accusations contre le président des Etats-Unis, alors il (Donald Trump) considère que c'est quelque chose dont il faut s'inquiéter. Et nous regardons quelles sont nos options et leurs implications", a précisé Sarah Sanders.

A un journaliste qui lui demandait si la Maison blanche entendait ainsi punir les anciens responsables du renseignement en raison de leurs critiques, elle a répondu: "Non, vous vous racontez une histoire."

"ABUS"

La CIA n'a pas réagi pour le moment à cette menace très inhabituelle.

James Clapper a en revanche dénoncé sur CNN une attitude "très mesquine" de la part de la Maison blanche.

"D'un point de vue légal, le président dispose de cette prérogative. Il peut suspendre ou révoquer les habilitations de sécurité comme il l'entend mais s'il décide de le faire pour des raisons politiques, je trouve que cela crée un dangereux précédent (...) C'est un abus du système", a-t-il dit.

"Je ne prends plus part à des réunions (sur des dossiers) classifiés", a déclaré quant à lui Michael Hayden sur Twitter. "(Cela) n'aura aucun effet sur ce que je dis ou écris".

L'habilitation de sécurité d'Andrew McCabe lui a été retirée lorsqu'il a été limogé du FBI, a annoncé une porte-parole d'Andrew McCabe, précisant que cela ferait partie des procédures habituelles de l'agence fédérale.

"On pourrait croire que la Maison blanche effectuerait des vérifications auprès du FBI avant de faire des déclarations clinquantes devant la presse", a dit Melissa Schwartz.

Plusieurs démocrates ont critiqué la démarche de l'administration Trump, vue comme un moyen pour la Maison blanche de détourner l'attention après le sommet entre Trump et Poutine et les promesses que le président américain aurait pu faire lors de son entretien avec son homologue russe.

"Voilà à quoi ressemble le totalitarisme", a déclaré la sénatrice démocrate Mazie Hirono sur Twitter. (avec la contribution de Doina Chiacu, Eric Beech et Warren Strobel; Tangi Salaün et Jean Terzian pour le service français)