* John Kerry convoitait ce poste depuis longtemps

* Le sénateur n'est pas un proche d'Obama

* Une élection partielle aura lieu au Sénat (Actualisé avec contexte, citation)

par Matt Spetalnick et Tabassum Zakaria

WASHINGTON, 21 décembre (Reuters) - Barack Obama a annoncé vendredi la nomination du sénateur John Kerry à la tête du département d'Etat en remplacement de Hillary Clinton, qualifiant ce vétéran de la politique de "choix parfait" pour diriger la diplomatie américaine pour les prochaines années.

John Kerry, élu du Massachusetts qui préside l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat, avait été en 2004 le candidat malheureux du Parti démocrate pour l'élection à la Maison blanche, face à George W. Bush.

Soutien inconditionnel de Barack Obama, John Kerry, qui est âgé de 69 ans, convoitait le département d'Etat depuis longtemps. Son nom était largement cité depuis le retrait de la compétition la semaine dernière de la représentante permanente des Etats-Unis aux Nations unies, Susan Rice.

Avec le titulaire des Affaires étrangères, le président démocrate a nommé un élément important de la nouvelle équipe qu'il compte mettre en place après sa réélection le mois dernier. Le chef de l'Etat ne s'est en revanche pas prononcé vendredi sur le remplacement du secrétaire à la Défense, Leon Panetta.

Le nom de l'ancien sénateur républicain Chuck Hagel a circulé récemment pour prendre la tête du Pentagone mais cette idée a apparemment suscité des réserves.

Avec John Kerry à ses côtés, le président a dit espérer une confirmation rapide du sénateur démocrate par le Sénat.

"Au moment où nous tournons la page d'une décennie de guerre, il comprend que nous devons pouvoir maîtriser tous les éléments de la puissance américaine et faire en sorte qu'ils travaillent ensemble", a déclaré le président.

"John a gagné le respect et la confiance des dirigeants du monde entier. Il n'aura pas besoin d'avoir une formation importante", a ajouté le président.

La Maison blanche souhaitait au départ annoncer avant Noël toute une série de nominations dans le domaine de la sécurité nationale, notamment le nouveau directeur de la CIA. Les projets ont été contrecarrés par la controverse Hagel ainsi que par d'autres gros dossiers : le "mur budgétaire", dans lequel les Etats-Unis doivent éviter de foncer avant le 31 décembre, et les conséquences de la tuerie de Newtown.

UNE RÉPUTATION DE SPÉCIALISTE

Considérée comme la personnalité la plus populaire de la première administration Obama, Hillary Clinton devrait démissionner de son poste à la fin du mois de janvier au moment de l'investiture de Barack Obama, réélu le 6 novembre pour un second mandat. Les observateurs s'attendent à la voir solliciter l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016.

Susan Rice s'est retirée de la course pour le département d'Etat après avoir été vivement critiquée par les républicains, qui lui ont reproché ses déclarations hâtives et erronées après l'attaque du consulat des Etats-Unis le 11 septembre à Benghazi. Cette attaque, qui a notamment coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, a aussi terni les derniers jours du mandat de Hillary Clinton.

Susan Rice a été défendue par Obama mais elle a retiré sa candidature jeudi dernier, disant vouloir éviter que sa confirmation par le Sénat ne traîne en longueur.

La nomination de John Kerry ne posera pas ce genre de problème. Après son échec face à George W. Bush en 2004, John Kerry s'est investi dans les travaux du Congrès où il s'est forgé une réputation de spécialiste des questions internationales.

Cet ancien combattant de la guerre du Vietnam a aussi souvent servi d'intermédiaire discret de la Maison blanche auprès de ses collègues sénateurs.

Depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison blanche en janvier 2009, il a apporté un soutien actif à la politique du président, notamment par le biais de la présidence de la commission des Affaires étrangères du Sénat.

Même ses adversaires républicains s'attendent à le voir passer sans encombres l'étape de la confirmation par le Sénat. Son seul handicap, concèdent les conseillers de Barack Obama, ce n'est pas un proche du président, à la différence de Susan Rice.

D'importants dossiers attendent le nouveau patron de la diplomatie américaine, du nucléaire iranien au retrait d'Afghanistan et le Proche-Orient. Connu pour ses discours parfois très long, John Kerry n'a pas eu l'occasion de parler à la presse vendredi à la Maison blanche.

Hillary Clinton était absente pour cause de maladie, mais elle a émis un communiqué de presse disant que son successeur représentait "le leadership du plus haut calibre" au département d'Etat.

Pour remplacer John Kerry, une élection partielle va devoir être organisée au Sénat, où les démocrates n'ont qu'une courte majorité. (Jean-Loup Fiévet, Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français)