* Troisième test nord-coréen depuis 2006

* Le Conseil de sécurité condamne cet essai

* Une explosion de six à sept kilotonnes

* Pyongyang menace de mener d'autres actions

SEOUL, 12 février (Reuters) - La Corée du Nord a défié mardi la communauté internationale en procédant à son troisième essai nucléaire depuis 2006, au mépris des résolutions des Nations unies et suscitant la réprobation de son allié chinois qui a convoqué l'ambassadeur nord-coréen à Pékin.

Réuni d'urgence à New York, le Conseil de sécurité de l'Onu a "condamné fermement" cette "grave violation" de ses résolutions de la part d'un Etat qui fait déjà partie des pays les plus lourdement sanctionnés dans le monde et qui offre peu de prise à des mesures de rétorsion économiques.

"Les membres du Conseil de sécurité condamnent fermement cet essai qui constitue une grave violation des résolutions du Conseil de sécurité", a déclaré le ministre sud-coréen des Affaires étrangères Kim Sung-hwan, dont le pays préside actuellement le Conseil.

Le Conseil va commencer a élaborer les "mesures appropriées" qui s'imposent en réponse à l'initiative de Pyongyang, a-t-il ajouté.

Les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité, votées respectivement en 2006 et en 2009, après les deux premiers essais nucléaires nord-coréens, ont interdit à la Corée du Nord de développer une technologie nucléaire et balistique.

L'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, Susan Rice, a déclaré que Washington et ses alliés avaient l'intention d'"augmenter le régime des sanctions" déja en place contre Pyongyang.

A Pyongyang, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a expliqué que ce troisième essai était un acte d'autodéfense en réponse à l'hostilité des Etats-Unis et n'a pas exclu d'autres initiatives.

"UN ENGIN MINIATURISÉ"

A Genève, un représentant de la Corée du Nord a déclaré devant la Conférence des Nations unies sur le désarmement que son pays ne se plierait jamais aux résolutions sur son programme nucléaire et que les perspectives de dénucléarisation de la péninsule coréenne étaient "sombres" compte tenu de la politique "hostile" des Etats-Unis.

Selon l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA, le test mené mardi avait "une plus grande puissance explosive" que les précédents essais, considérés par les spécialistes comme de faible ampleur.

L'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO) évoque une puissance globalement deux fois supérieure à l'essai de 2009.

La Corée du Nord dit avoir utilisé "un engin nucléaire miniaturisé plus léger", ce qui indiquerait qu'elle a de nouveau utilisé du plutonium. Avant mardi, certains spécialistes pensaient qu'elle utiliserait de l'uranium enrichi pour tout autre test, afin de conserver ses stocks de plutonium, susceptibles d'être utilisés pour la fabrication d'une bombe.

Pour sa première année au pouvoir, le jeune dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, troisième de sa lignée à diriger l'Etat communiste, a désormais à son actif un essai nucléaire et deux lancements de fusées à longue portée.

Son arrivée au pouvoir en décembre 2011 à la mort de son père Kim Jong-il avait suscité des espoirs de réformes et la fin de la primauté donnée à la politique du tout-défense.

OBAMA DÉNONCE UNE "PROVOCATION"

Barack Obama a condamné ce qu'il a appelé une "provocation" de nature à affecter la stabilité dans la région, et a qualifié le programme nucléaire nord-coréen de menace pour la sécurité des Etats-Unis et de la communauté internationale. (voir )

La Russie a elle aussi "résolument condamné" ce test, de même que le Royaume-Uni et l'Allemagne. ( ) Le président François Hollande et la Chine, par l'intermédiaire de son ministère des Affaires étrangères, ont fait de même. ( et )

Invitant toutes les parties au calme et à résoudre leurs différends par le dialogue, la Chine dit souhaiter parvenir à une solution via les négociations à six auxquelles elle participe avec les Etats-Unis, les deux Corées, le Japon et la Russie.

Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a parlé de "menace grave pour la sécurité de notre pays". Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a évoqué une "violation claire et grave des résolutions du Conseil de sécurité". ( )

La Corée du Sud, qui n'a pas signé de traité de paix avec le Nord après la guerre civile de 1950-1953, a précisé que l'activité sismique enregistrée sur le territoire nord-coréen correspondait à une explosion nucléaire de six à sept kilotonnes, légèrement plus importante que les deux précédentes.

Les agences de renseignement américaines, rassemblées sous la tutelle du Bureau du directeur du renseignement national, ont également estimé la puissance de l'explosion à plusieurs kilotonnes.

A titre de comparaison, la puissance de la bombe larguée à Hiroshima au Japon en 1945 était d'environ 20 kilotonnes.

"Il a été confirmé que l'essai nucléaire, qui a été conduit à un haut niveau d'une manière parfaitement sûre en utilisant un engin nucléaire miniaturisé plus léger et doté d'une plus grande puissance explosive que précédemment, n'a pas eu d'impact négatif sur l'environnement écologique immédiat", écrit KCNA.

Le but ultime de la Corée du Nord, estiment les Etats-Unis, est de fabriquer un missile balistique intercontinental à tête nucléaire capable de toucher les Etats-Unis.

Ce nouvel essai survient à un moment de transition politique en Chine, en Corée du Sud et au Japon et alors que Barack Obama vient d'entamer son second mandat. (Avec les rédactions de Tokyo, des Nations unies, de Pékin et Vienne; Pierre Sérisier, Danielle Rouquié, Pascal Liétout et Guy Kerivel pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)