Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont fini en ordre dispersé vendredi, la dette italienne et dans une moindre mesure la dette espagnole bénéficiant d'un regain d'appétit pour le risque, sur fond d'anticipation d'une normalisation politique.

"La détente du taux italien est le mouvement le plus important aujourd'hui", a affirmé à l'AFP Nicolas Forest, directeur de la gestion obligataire de Candriam.

"Il y a un gros regain d'appétit pour le risque", a-t-il ajouté, ce qui a profité à la fois aux marchés actions et aux dettes des pays jugés moins solides de la zone euro.

Les investisseurs tablent en effet sur la victoire dimanche soir du candidat d'En marche!, le pro-européen et libéral Emmanuel Macron, face à la candidate du Front national Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle française.

"L'inquiétude forte liée aux actifs européens est en train de se lever. Les investisseurs verront en l'élection d'Emmanuel Macron la victoire de la zone euro et la capacité de l'Union européenne à retourner à une normalisation. Avec d'autre part une reprise économique forte, ce sera un environnement que l'on n'a plus connu depuis de nombreuses années", analyse le directeur de la gestion obligataire.

Dans ces conditions, "dès le lendemain des élections, nous allons revenir à un monde +normal+, où la dette de la France paraît déjà relativement chère", poursuit M. Forest, ce qui pourrait pousser les investisseurs à opter plutôt pour la dette italienne ou espagnole.

Outre le thème politique, à deux jours du second tour de la présidentielle française, la séance a été marquée par la publication du très attendu rapport mensuel sur l'emploi américain, indicateur clef de la santé de l'économie outre-Atlantique.

Le taux de chômage aux Etats-Unis est tombé en avril à son plus bas niveau en une décennie tandis que les créations d'emplois ont vivement rebondi.

Ces chiffres dynamiques confirment l'optimisme de la Réserve fédérale (Fed) qui a jugé cette semaine que l'affaiblissement de la croissance américaine au premier trimestre n'était que "temporaire".

"C'est une hausse graduelle du marché de l'emploi, sans être excessive, donc il n'y a pas d'inquiétude pour l'instant sur les anticipations d'inflation, ce qui explique qu'il n'y a pas de forte remontée des taux", commente M. Forest.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a un peu progressé à 0,418% contre 0,394% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Le rendement de même maturité de la France s'est également légèrement tendu à 0,845% contre 0,829%.

Celui de l'Italie a à l'inverse terminé sur une forte détente à 2,165% contre 2,253% tandis que celui de l'Espagne a aussi reflué à 1,558% contre 1,600%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans est resté quasiment stable à 1,117% contre 1,116%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans restait stable à 2,352% contre 2,354%. Le taux à trente ans s'établissait à 2,993% contre 2,998% tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,314% contre 1,306% jeudi.

afp/rp