PARIS, 27 mars (Reuters) - Consigne a été donnée au préfet de police de Paris d'interdire de nouveau toute manifestation samedi prochain sur les Champs-Elysées, où les "Gilets jaunes" ont pris l'habitude depuis le 17 novembre d'essayer de manifester tous les week-ends, a annoncé mercredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

Le 16 mars, la célèbre avenue parisienne a ainsi été saccagée par des casseurs, ce qui a coûté son poste au précédent préfet de police, Michel Delpuech, et conduit le gouvernement à renforcer les consignes de répression.

"Nous devons faire face à des revendications qui ne sont plus des revendications, si ce n'est celle de susciter le chaos", a déclaré Christophe Castaner lors d'une audition par la commission des Lois de l'Assemblée nationale.

Il en veut pour preuve l'annonce par des "Gilets jaunes" dès lundi dernier de leur volonté de demander à manifester de nouveau samedi prochain sur les Champs-Elysées, où toute manifestation avait été interdite samedi dernier.

"J'ai donné des instructions extrêmement précises au préfet de police pour que la demande de manifestation sur les Champs-Elysées samedi prochain, ce qui n'est qu'une provocation à de nouvelles violences, soit interdite", a-t-il ajouté.

Christophe Castaner a admis que les forces de sécurité avaient parfois été "à la limite de la rapidité" de réaction samedi dernier, malgré le changement de doctrine de maintien et de rétablissement de l'ordre qui a abouti à l'absence d'incident grave sur les Champs-Elysées ou ailleurs à Paris.

"Il y a un enseignement que nous avons tiré avec le préfet de police, c'est qu'il nous faut renforcer la mobilité et la rapidité d'intervention", a-t-il ajouté.

"Samedi a été mis en place un groupe de policiers équipés de motos, 60 motos (...) On a décidé avec le préfet de police qu'il fallait renforcer encore cette mobilité", a-t-il précisé.

La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a pour sa part fait un point sur la réponse judiciaire donnée depuis le 17 novembre aux violences qui ont émaillé les manifestations de "Gilets jaunes".

"A ce jour (...), environ 9.000 personnes ont été placées en garde à vue depuis le début du mouvement", a-t-elle dit.

Ces gardes à vue ont été suivies d'un peu plus de 150 relaxes, environ 1.800 classements sans suite, environ 1.800 alternatives aux poursuites (essentiellement des rappels à la loi), un peu moins de 4.000 renvois devant les tribunaux.

Sur ces 4.000 affaires, environ 1.800 sont encore en attente de jugement et 2.000 condamnations ont été prononcées dont 40% de peines de prison ferme, de quelques mois à trois ans, avec 400 mandats de dépôt, et 60% de peines de prison avec sursis et d'amendes.

"De nombreuses enquêtes sont encore en cours", a ajouté la garde des Sceaux, selon qui 290 plaintes ont par ailleurs été déposées à l'encontre des forces de l'ordre.

"Dans la majorité des cas, les investigations ont été confiées (...) à l'IGPN (la "police des polices")", a-t-elle ajouté. "A ce jour, la quasi-totalité de ces enquêtes est toujours en cours, donc aucune poursuite à l'encontre des forces de l'ordre n'a été portée à la connaissance du ministère de la justice", et 17 ont été classées sans suite. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)