* Guerini cible le Rassemblement national, "parti du mensonge"

* LaRem consulte ses adhérents pour élaborer un programme

* La liste des candidats toujours en cours d'élaboration

par Elizabeth Pineau

PARIS, 24 janvier (Reuters) - A quatre mois des élections européennes, La République en marche continue de peaufiner sa liste et sa stratégie en vue du scrutin du 26 mai, encouragée par des sondages qui mettent le parti présidentiel en tête, devant le Rassemblement national (RN).

Lors de sa première grande conférence de délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini a ciblé jeudi le camp de Marine Le Pen, ignorant les autres oppositions et posant un regard bienveillant sur la liste "Gilets jaunes" en cours de constitution derrière Ingrid Levavasseur.

"Ils disent 'on arrive", on pourrait leur dire 'vous sortez'", a lancé le député à l'adresse du RN, "parti du mensonge et de l'imposture" qui compte 15 eurodéputés au Parlement de Strasbourg, là où Emmanuel Macron espère constituer un pôle "progressiste" brisant les clivages traditionnels.

"Nous porterons un projet de refondation pour l'Union européenne", a ajouté l'élu de Paris. "Nous le ferons de façon offensive, nous ne ferons pas une campagne de sortants, nous ne sommes pas des sortants".

De récents sondages placent l'alliance LaRem-MoDem en tête avec environ 24% des suffrages si le scrutin européen avait lieu dimanche prochain, suivie de près par l'ex-Front national.

Côté programme, LaRem consulte ses quelque 410.000 adhérents jusqu'à fin février pour recueillir les contributions qui compléteront celles issues du "grand débat national" en cours.

Stanislas Guerini a réaffirmé l'"autonomie totale" de son parti vis-à-vis de l'exécutif, à qui il se réserve le droit de soumettre toutes sortes d'idées, au risque de déplaire comme cela avait été le cas en septembre dernier à propos de l'impôt sur les successions.

COHN-BENDIT ASSOCIÉ AUX RÉFLEXIONS

Grand débat oblige, la publication de la liste LaRem-MoDem a été repoussé de plusieurs semaines. Elle sera connue "fin février-début mars", a dit Stanislas Guerini, confirmant la stratégie de campagne-éclair envisagée par son camp là ou d'autres, comme Yannick Jadot à la tête d'Europe-Ecologie Les Verts, ont été désignés de longue date.

En coulisses, le travail se poursuit sous la houlette de Stéphane Séjourné, ex-conseiller élyséen devenu directeur de campagne et probable futur candidat aux européennes.

Depuis octobre, un "comité de pilotage", qui sera bientôt transformé en "comité politique", se réunit chaque semaine pour aborder l'actualité de l'Union.

L'ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit y assiste souvent, flanqué de son ami le cinéaste Romain Goupil. Le conseiller d'Emmanuel Macron Philippe Grangeon, Stanislas Guerini, son adjoint au parti Pierre Person et le député Pieyre-Alexandre Anglade sont des participants réguliers.

Pour faire partie de la liste de 79 places, "où les 30 premières sont bien sûr les plus disputées", rappelle un député, les noms du journaliste Bernard Guetta et de l'ex-maire de Strasbourg devenue sénatrice Agir Fabienne Keller circulent.

Pour mener la liste, le nom de Daniel Cohn-Bendit a longtemps couru. Selon un parlementaire, Emmanuel Macron lui aurait récemment redemandé d'y réfléchir, et l'ex-eurodéputé franco-allemand aurait de nouveau décliné.

Ces derniers jours, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve ont été cités comme des "profils compatibles" avec une candidature de haut niveau. "Certaines rumeurs sont peut-être lancées pour nuire aux intéressés...", temporise un député.

Emmanuel Macron aura forcément le dernier mot en lien avec le président du MoDem François Bayrou, son principal allié.

Pour ce qui est des ententes européennes, Stanislas Guerini a confirmé jeudi le souhait d'une association avec le parti espagnol Ciudadanos. "Nous avons fixé nos lignes rouges", a-t-il dit. "C'est un partenaire de discussions que nous continuons à avoir pour former un groupe fort au Parlement européen."

En réponse à un journaliste italien, le délégué général a en revanche nié tout rapprochement avec le mouvement 5 Etoiles de Luigi Di Maio. "Je l'exclus et il me semble que la République en marche a toujours exclu cette alliance.", a-t-il dit. (Edité par Yves Clarisse)