BUDAPEST/BRUXELLES (Reuters) - Le gouvernement nationaliste hongrois débute lundi sa présidence de l'Union européenne, avec un slogan "Make Europe Great Again" rappelant la formule de Donald Trump et dans un contexte de scepticisme chez des eurodéputés sur le rôle à accorder à Budapest après ses nombreux différends avec Bruxelles à propos des standards démocratiques.

Des diplomates hongrois ont assuré que le pays allait se montrer impartial dans son rôle, tandis que des analystes ont mis en avant le fait que la phase de transition consécutive aux élections européennes pourrait restreindre les décisions politiques chapeautées par Budapest.

Il appartient au pays occupant la présidence tournante de l'UE de fixer le programme politique, diriger toutes les réunions des Vingt-Sept hormis celles concernant la politique étrangère et la zone euro, parvenir à des consensus entre les membres du bloc et mener les négociations sur les textes de loi avec le Parlement européen.

Si les partis nationalistes et eurosceptiques sensibles aux priorités de la Hongrie ont effectué une percée lors des élections européennes de début juin, il va falloir des mois pour que la nouvelle Commission européenne et les nouveaux eurodéputés trouvent leur rythme de croisière, avec pour effet de limiter la capacité de la présidence de l'UE à effectuer des avancées politiques, ont dit des analystes.

"Il y aura seulement une petite influence sur le programme parlementaire, qui s'ouvrira bien plus tard, à la fin de l'année, voire au début de l'année prochaine", a commenté Pavel Havlicek, membre du centre de réflexion Association for International Affairs, basé à Prague.

La Hongrie a indiqué par le passé vouloir accélérer l'entrée des pays des Balkans dans l'UE, lutter contre l'immigration illégale et renforcer la compétitivité économique.

Certains reprochent à Budapest, qui a maintenu des liens étroits avec la Russie, de ne pas inclure l'Ukraine dans sa volonté d'élargir le bloc communautaire.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Hongrie a retardé ou bloqué des fonds et des livraisons d'armes à destination de Kyiv.

En amont de son arrivée à la présidence de l'UE, Bruxelles s'est empressé d'approuver un nouveau train de sanctions contre Moscou et a officiellement lancé, la semaine dernière, les pourparlers d'adhésion avec Kyiv.

(Philip Blenkinsop à Bruxelles et Boldizsar Gyori à Budapest; version française Jean Terzian)

par Boldizsar Gyori et Philip Blenkinsop