PARIS, 21 août (Reuters) - Emmanuel Macron a jugé mercredi "pertinent" que la Russie puisse réintégrer à terme le G7 en format G8 mais a exclu un retour sans conditions, liées notamment au conflit ukrainien, qui serait selon lui une "erreur stratégique" et une consécration d'une forme d'"impunité".

"C'est pertinent qu'à terme la Russie puisse rejoindre le G7", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une rencontre avec l'Association de la presse présidentielle à Paris, au lendemain des propos de Donald Trump jugeant "appropriée" une telle évolution.

"Nous savons quelle est la condition préalable indispensable, c'est qu'il y ait une solution qui soit trouvée en lien avec l'Ukraine sur la base des accords de Minsk pour que nous arrivions à sortir de ce conflit", a-t-il ajouté.

"Dire 'la Russie sans conditions doit demain revenir à la table', c'est en quelque sorte acter la faiblesse du G7, c'est dire les sept pays qui ont décidé il y a cinq ans de mettre à l'écart la Russie, ont acté que cela n'avait aucune efficacité et que la Russie pouvait revenir sans qu'il y ait aucun changement", a estimé Emmanuel Macron. "Ce serait une erreur stratégique pour nous et une profonde injustice et la consécration de cet âge de l'impunité."

La Russie a été exclue en mars 2014 du G8 - redevenu G7 - qui regroupe la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, le Canada et les Etats-Unis après l'annexion non reconnue par la communauté internationale de la péninsule ukrainienne de Crimée.

En recevant le président russe Vladimir Poutine lundi à Brégançon (Var), Emmanuel Macron avait souhaité que les conditions soient réunies rapidement pour organiser "dans les prochaines semaines" un sommet en format "Normandie" (France, Russie, Ukraine et Allemagne) en vue de résoudre ce conflit qui a fait plus de 13.000 morts.

La dernière réunion de ce type s'est déroulée à l'automne 2016. "C'est le souhait du président (ukrainien) Zelenski, il me l'a confirmé, Vladimir Poutine y est prêt, la condition c'est d'arriver à avancer suffisamment sur le sujet", a estimé le chef de l'Etat français.

"Je pense qu'on peut avancer sur de nouveaux échanges de prisonniers, je pense qu'on peut avancer sur le sujet du Donbass, sur le sujet de la démilitarisation, il y a plusieurs éléments sur lesquels les deux présidents me semblent prêts à avancer", a-t-il ajouté.

"Je suis très prudent, les prochaines semaines seront décisives mais ma volonté est de pouvoir réunir à Paris un nouveau sommet Normandie dans les prochaines semaines, nous évaluerons la situation avec la chancelière (Angela) Merkel samedi" lors du sommet du G7 à Biarritz. (Marine Pennetier, édité par Simon Carraud)