WASHINGTON (Reuters) - L'élu républicain ultraconservateur Jim Jordan a prévu de se soumettre à un nouveau vote de la Chambre américaine des représentants pour obtenir le poste de 'speaker', après avoir échoué à deux reprises à rassembler les soutiens suffisants, dans un contexte de divisions persistantes au sein de son parti.

Un vote se tiendra ce vendredi à 10h00 (14h00 GMT), a indiqué jeudi le porte-parole de celui qui occupe la présidence de la commission des Affaires judiciaires de la Chambre.

"Je suis toujours candidat pour le poste et j'entends obtenir les votes et remporter cette course", a déclaré plus tôt Jim Jordan à des journalistes, alors que régnait une incertitude à ce sujet après son échec lors de deux scrutins organisés cette semaine.

Le siège de 'speaker' est vacant depuis que le républicain Kevin McCarthy a été déchu le 3 octobre lors d'un vote demandé par un groupe restreint d'élus rebelles au sein de son parti. La majorité étroite dont disposent les républicains à la Chambre confère à toute défection un poids très important.

Cette impasse intervient dans un contexte international particulièrement délicat, alors qu'une guerre a éclaté au Moyen-Orient et que se profile de nouveau une possible fermeture partielle des administrations fédérales américaines ("shutdown") sans vote budgétaire d'ici moins d'un mois.

Le président Joe Biden a déclaré jeudi soir qu'il allait rapidement demander au Congrès des milliards de dollars d'aides supplémentaires pour Israël et l'Ukraine, citant la nécessité pour Washington de s'assurer que ses deux alliés sortent respectivement victorieux de conflits face au Hamas et à la Russie.

Au cours d'une rare allocution télévisée en 'prime time' depuis le Bureau ovale, le locataire démocrate de la Maison blanche s'est adressé aux élus républicains en les exhortant de ne pas laisser des "mesquineries politiques" partisanes bloquer "nos responsabilités en tant que grande nation".

L'enveloppe budgétaire supplémentaire demandée par Joe Biden doit être approuvée à la fois par le Sénat, où ses pairs démocrates sont majoritaires, et par la Chambre des représentants.

Jim Jordan, allié de l'ancien président Donald Trump, avait dans un premier temps été battu par Steve Scalise lors d'un vote à bulletins secrets interne au Parti républicain. Scalise a ensuite annoncé retirer sa candidature pour le poste de 'speaker', avant même un vote en session plénière, faute d'avoir réussi à rassembler suffisamment de soutiens.

Pour tenter d'éviter un nouveau revers, Jim Jordan s'est entretenu jeudi avec certains des 22 élus républicains ayant voté contre sa nomination, sans être parvenu, semble-t-il, à les faire changer d'avis.

"Nous lui avons tous dit que pour nous c'était un 'non' ferme. Voilà la discussion", a déclaré l'élu républicain Vern Buchanan à des journalistes. "A lui maintenant de prendre une décision", a-t-il ajouté en référence à Jim Jordan.

Certains élus cherchent à faire adopter une mesure pour étendre les attributions de Patrick McHenry, 'speaker' intérimaire depuis que Kevin McCarthy a été déchu. Mais des divisions ont empêché cette semaine un accord en ce sens.

(Reportage David Morgan, Makini Brice, Moira Warburton et Katharine Jackson; version française Jean Terzian)

par David Morgan, Moira Warburton, Katharine Jackson et Makini Brice