Londres (awp/afp) - L'inflation au Royaume-Uni a surpris en décembre en remontant à 4,0% contre 3,9% en novembre, ce qui pourrait retarder la détente des taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre, une mauvaise nouvelle pour les ménages comme les entreprises.

Dans son rapport mensuel sur l'inflation mercredi, l'Office national des statistiques (ONS) cite l'alcool et le tabac comme les principaux facteurs ayant contribué à la remontée des prix, partiellement compensés par l'inflation alimentaire, qui ralentit comparé à il y a un an.

C'est un revers pour le gouvernement conservateur de Rishi Sunak, qui a fait de la lutte contre l'inflation une priorité à l'approche des législatives prévues cette année.

"Comme nous l'avons vu aux Etats-Unis, en France et en Allemagne, l'inflation ne tombe pas en une ligne droite, mais notre plan fonctionne et nous devons nous y tenir", a justifié le ministre des Finances Jeremy Hunt dans un communiqué.

Aux Etats-Unis, la hausse des prix a ainsi par exemple rebondi à 3,4% sur un an en décembre, contre 3,1% en novembre, selon l'indice CPI.

Au Royaume-Uni, l'inflation a fortement reculé depuis son pic à quelque 11% fin 2022, catapultée par la flambée des tarifs énergétiques dans la foulée de la guerre en Ukraine et du redémarrage de l'économie post-pandémie.

Elle reste cependant la plus élevée des pays du G7 et très au-dessus de la cible de 2% la Banque d'Angleterre.

"Il y a de la frustration dans l'air avec une inflation au Royaume-Uni qui s'avère tenace", constate Susannah Streeter, économiste de Hargreaves Lansdown.

Le léger rebond de la hausse des prix est "la dernière chose que les entreprises et ménages voulaient voir, car cela repousse la perspective d'une baisse de taux", ajoute-t-elle.

La Banque d'Angleterre pourrait en effet décider de laisser son taux directeur à 5,25% un peu plus longtemps, alors que les investisseurs sont pour l'instant nombreux à miser sur une première baisse dès mai.

"Malgré la hausse en décembre, l'inflation devrait continuer à refluer cette année", anticipe cependant Yael Selfin, économiste chez KPMG UK.

Risque lié à la mer Rouge

Une baisse attendue des prix réglementés de l'énergie en avril pourrait d'après elle ramener l'inflation à la cible de la BoE "d'ici cet été", même si "les perturbations en mer Rouge nuisent à la chaine d'approvisionnement et pourraient entraîner une remontée des prix des biens", nuance-t-elle.

Les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran, ont multiplié ces dernières semaines les attaques en mer Rouge contre les navires qu'ils soupçonnent d'être liés à Israël, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens à Gaza confrontés à la guerre entre le mouvement islamiste Hamas et Israël.

Les attaques des Houthis ont contraint de nombreux armateurs à éviter la zone, où transite environ 12% du commerce mondial, et à emprunter une route plus longue autour de la pointe de l'Afrique, au prix d'un surcoût du transport et de délais plus longs d'acheminement.

Pour Mme Streeter, le marché du travail encore tendu au Royaume-Uni est aussi "une source d'inquiétude" dans la lutte contre l'inflation, même s'il donne des signes de détente, avec une progression des salaires qui ralentit et moins d'offres d'emploi à pourvoir.

Selon elle, la cible de 2% de la BoE ne devrait pas être atteinte avant "la fin 2025".

Selon Mme Selfin, la Banque d'Angleterre devrait commencer à baisser ses taux d'intérêt à partir du deuxième semestre de cette année.

afp/jh