Malgré des perspectives d’inflation inférieures à la cible de l’institution pour une période prolongée, la BCE vient d’entériner un nouveau statu quo sans exprimer, comme l’aurait souhaité le FMI, la moindre velléité d’agir à court terme.

Il faut l’avouer, le positionnement de la BCE est difficile à comprendre ce mois-ci. L’inflation en berne et le chômage élevé ne semblent pas émouvoir les gouverneurs européens qui redoublent d’optimisme face à la bonne tenue des indices PMI, la stabilisation du marché de l’emploi et la confiance des consommateurs. Ainsi les récents encouragements du FMI à faire davantage pour la croissance ou les tensions géopolitiques en Ukraine, dont Mario Draghi a écarté les risques de contagion à l’Union monétaire, n’ont pas motivé la BCE à prendre de nouvelles décisions ni même à laisser entendre qu’elle agirait prochainement.

Cette posture est pour le moins surprenante au regard des prévisions de la banque centrale. Bien qu’elle anticipe une croissance de 1.2% cette année, contre 1.1% auparavant, elle a revu en baisse ses attentes en matière d’inflation. Même si Mario Draghi a répété que « les risques étaient équilibrés et bien ancrés à moyen terme », elle prévoit ainsi que la hausse des prix atteindra seulement 1.0% en 2014, 1.3% en 2015, 1.5% d’ici deux ans et 1.7% au quatrième trimestre 2016. Par son inaction, l’institut d’émission semble donc abandonner sa mission principale en prenant le risque de laisser les prix évoluer durablement sous sa zone de confort (proche de 2%). La hausse de la monnaie unique qu’elle provoque indirectement aurait par ailleurs déjà coûté 0.4% d’inflation en zone Euro.

De l’autre côté de l’Atlantique, la publication du Livre Beige, le rapport de la FED sur la santé de l’économie américaine, confirme que l’hiver rigoureux a eu un impact sur l’activité mais les perspectives restent encourageantes dans la plupart des régions.

Graphiquement, la BCE a donné le ton pour les prochaines semaines et notre résistance a logiquement cédé. Quelle que soit la teneur des indicateurs américains dans les prochains jours, la ligne directrice des argentiers de Francfort est un catalyseur de fond et les ventes sont désormais prohibées. On privilégiera les achats sur repli, notamment en cas de retour au contact de 1.3807 devenu support pour viser une poursuite du mouvement vers 1.3919 et 1.3988 en extension.