Washington (awp/afp) - Une responsable de la banque centrale américaine (Fed) a estimé mardi que c'était "le bon moment de faire une pause" dans la hausse des taux d'intérêt, pour évaluer les effets des relèvements précédents.

Dans un discours à Kansas City, la présidente de la branche de la Fed de cette région, Esther George, a estimé qu'il fallait "être conscients du fait que les tours de vis monétaires précédents n'avaient pas encore pleinement eu leur effet, ce qui invite à la patience" pour la suite.

La Fed a relevé les taux d'intérêt au jour le jour quatre fois en 2018 pour les porter dans la fourchette de 2,25% à 2,50%.

Mme George a rappelé que l'impact des décisions de politique monétaire était perceptible dans l'économie réelle "entre six mois et un an" plus tard et leur conséquence sur l'inflation à l'horizon "d'un à deux ans".

"Une pause dans la normalisation du processus nous donnerait le temps d'évaluer si l'économie répond comme prévu en ralentissant sa croissance à un rythme viable sur la durée", a-t-elle indiqué.

Selon elle, "l'atterrissage en douceur" de l'économie, où la politique monétaire aurait un effet "neutre", n'est "pas tout à fait là". "Mais on s'en approche", c'est pourquoi "on devrait procéder avec prudence".

La responsable a ajouté qu'une partie des actifs de la Fed inscrits à son bilan diminuent au fur et à mesure de leur arrivée à maturité. L'impact de cette réduction sur l'évolution des taux à la hausse n'est "pas clair", une autre bonne raison pour faire une pause, selon elle.

Sans compter, a ajouté Mme George, qui vote cette année au Comité monétaire, que d'autres banques centrales dans le monde "ont, comme la Fed, réalisé de massifs achats d'actifs pour palier à la crise et se trouvent désormais confrontées à la nécessité" de se défaire de ces actifs.

Ces interventions des banques centrales sur leur bilan "peuvent changer la structure des marchés financiers d'une façon inconnue et inattendue", a-t-elle affirmé.

La Fed a accumulé pour 4.500 milliards de bons du Trésor et titres hypothécaires à son bilan pour soutenir la reprise et a commencé à se défaire des titres arrivant à maturité pour environ 500 milliards de dollars.

Lorsque le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a récemment affirmé qu'il fallait que ce bilan soit "considérablement moins élevé", Wall Street a été très nerveuse.

Evoquant les risques à la baisse pour l'économie américaine, Mme George a cité la montée du dollar, qui rend les exportations américaines moins compétitives, "les incertitudes sur la politique commerciale et la croissance mondiale, qui ont le potentiel de retarder les décisions d'investissements".

Vu les conditions économiques actuelles, Mme George estime en outre que la communication de la Fed devrait abandonner son message d'orientation monétaire ("forward guidance"), une optique partagée par Jerome Powell.

afp/rp