Sans grande conviction, la monnaie unique européenne tentait de tenir la barre symbolique des 1,35 dollar ce midi à la faveur d'une statistique américaine jugée décevante. Ce midi, l'euro cède ainsi 0,07% à 1,3517 dollar, le point bas de séance se situant à 1,3493.

Contre le yen, l'euro prend 0,20% à 136,98, tout en restant en baisse de 3% sur la semaine. “Le fort ralentissement de l'industrie manufacturière outre-Atlantique ainsi que les craintes de l'impact de la réduction des injections de liquidités de la Fed sur les marchés émergents, profitent au yen jugé comme valeur refuge”, indique un spécialiste.

La monnaie unique européenne gagne aussi 0,26% contre le franc suisse à 1,2222, mais elle cède 0,27% contre le sterling à 0,8271.

Les courtiers de RTFX résument ainsi la séance d'hier : “le dollar a perdu du terrain face à ses contreparties lundi suite à la publication des chiffres décevants de l'activité manufacturière (indice PMI des directeurs d'achat, ndlr). Les taux des bons du Trésor à 10 ans ont touché un creux de trois mois hier alors que le dollar index a atteint mardi un plus bas d'une semaine. Les indices à Wall Street ont également lourdement chuté lundi.”

“Contre toute attente, l'indice ISM manufacturier aux Etats-Unis est ressorti à 51,3 en janvier contre 56,5 précédemment, et témoigne d'une chute des nouvelles commandes. Le marché de l'automobile, loin de rassurer les investisseurs, s'affiche également en repli”, explique-t-on chez Saxo Banque.

Cependant, le dollar n'a pas été pénalisé outre mesure par cette déception statistiques. Aurel BGC nuance effectivement ces inquiétudes et met en avant des facteurs conjoncturels : 'les directeurs des achats annoncent clairement un impact négatif des conditions météorologiques extrêmes du mois de janvier (le “vortex polaire”, ndlr). La production industrielle a été pénalisée et les livraisons ont été bloquées, les camions ne pouvant pas se déplacer dans plusieurs états, indique l'un des directeurs d'achat. De plus, la violente hausse du prix du gaz a augmenté les prix payés sans être répercutée sur les prix de vente selon l'enquête de Markit'. Peut-être le fort optimisme affiché par les directeurs d'achat fait-il maintenant place à plus de mesure, supputent les spécialistes.

Et Aurel BGC d'ajouter : 'la bonne nouvelle est qu'avec une amélioration des conditions météorologiques, un rebond important de l'activité industrielle est à prévoir. Les stocks sont bas, les carnets de commandes restent élevés'.

En toile de fond, l'inquiétude quant au plafond de la dette fédérale américaine reste toutefois d'actualité. Le secrétaire au Trésor, Jacob Lew, a récemment sommé les parlementaires du Congrès d'agir au plus vite avant que ce niveau ne soit de nouveau atteint.

En point de mire cette semaine : la réunion de la BCE et sa conférence de presse, jeudi midi, sous la présidence de Mario Draghi. 'De plus en plus de banques d'investissement s'attendent à ce que la BCE adopte de nouvelles mesures de détente monétaire lors du conseil des gouverneurs de jeudi', constatent les cambistes de Société Générale, qui expliquent ainsi la tenue relative de l'euro ces derniers sur les marchés de devises.

Certains opérateurs évoquent de nouveau une baisse des taux d'intérêt directeur, déjà à son plus bas niveau historique de 0,25%.

Chez XTB France, on estime que l'institution de Francfort “se retrouve confrontée au scénario du pire au sein de la zone euro : celui d'une possible déflation. Une telle menace peut contraindre à tout moment la BCE à se lancer dans une nouvelle vague de mesures dédiées à relancer la reprise économique.”

“La tendance du billet vert sera néanmoins plus claire en fin de semaine à la suite de la publication très attendue du rapport sur l'emploi aux Etats-Unis pour le mois de janvier”, pronostique enfin Saxo Banque. Pour l'heure, le consensus table sur 185.000 créations de postes, après 74.000 en décembre.


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