(Actualisé avec précisions, citations, contexte)

par Patricia Zengerle et Steve Holland

WASHINGTON, 11 avril (Reuters) - Le candidat proposé par Téhéran pour occuper le poste d'ambassadeur d'Iran aux Nations unies, Hamid Abutalebi, n'obtiendra pas de visa américain en raison de ses liens avec la crise des otages de 1979-1981, a annoncé vendredi la Maison blanche.

L'Onu et l'Iran ont été informés "qu'aucun visa ne sera délivré à M. Abutalebi", a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.

"Nous avons été très clairs avec les Iraniens: cette nomination n'est pas viable", a également déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jen Psaki.

Cette décision empêche dans les faits le candidat iranien de prendre ses fonctions aux Nations unies.

La législation américaine autorise le gouvernement à refuser l'entrée aux Etats-Unis de diplomates des Nations unies qui seraient considérés comme des menace pour la sécurité nationale.

Mais cette décision créée un précédent et les Etats-Unis pourraient être accusés de profiter de leur position de pays hôte - le siège de l'Onu est à New York - pour exercer une influence politique de façon inappropriée.

Hamid Abutalebi est soupçonné par les Etats-Unis d'avoir fait partie d'un groupe d'étudiants musulmans qui a pris le contrôle de l'ambassade américaine à Téhéran en novembre 1979 et d'y avoir détenu 52 otages américains pendant 444 jours.

Le diplomate chevronné a reconnu avoir agi comme interprète pour ceux qui détenaient les otages.

L'Iran a dit regretter la décision du gouvernement américain.

"DÉCISION REGRETTABLE"

"C'est une décision regrettable du gouvernement américain qui enfreint le droit international, l'obligation du pays hôte, et le droit intrinsèque des Etats membres souverains à désigner leurs représentants aux Nations unies", a dit Hamid Babaei, porte-parole de la mission iranienne à l'Onu.

Le différend ne devrait toutefois pas affecter les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances qui se tiennent à Genève, a estimé un responsable iranien.

L'administration américaine a également estimé qu'il n'y aurait pas de conséquences dans les négociations nucléaires.

"Si les Etats-Unis commencent à choisir qui peut représenter d'autres pays aux Nations unies, d'autres pays risquent de réagir par la colère. Comment se sentirait Washington si la Suisse mettait son veto à son choix de l'ambassadeur des Etats-Unis au Conseil des droits de l'homme à Genève ?", a déclaré Richard Gowan, spécialiste des relations internationales à l'université de New York.

Jeudi, la Chambre des représentants, après le Sénat, avait voté pour interdire à Hamid Abutalebi l'entrée sur le territoire américain. Des anciens otages à Téhéran avaient saisi le Congrès pour faire part aux élus de leurs objections à la présence de Hamid Abutalebi sur le territoire américain.

De nombreux élus au Congrès, y compris des démocrates du camp de Barack Obama, restent très sceptiques au sujet de l'Iran, malgré les efforts du nouveau président iranien pour apaiser les tensions entre Washington et Téhéran.

"Je suis reconnaissant au président Obama d'avoir pris la bonne décision de refuser le visa à ce terroriste iranien", a déclaré le représentant républicain du Colorado, Doug Lamborn.

Le texte voté par le Congrès n'a pas encore été promulgué. La Maison blanche est toujours en train de l'examiner. Le texte vise à bloquer tout représentant aux Nations unies considéré ayant participé à des actions violentes ou à des actes d'espionnage à l'encontre des Etats-Unis. (Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français)