* L'homme est le frère du père de famille assassiné

* Il a été placé sous le statut de suspect

* Des gendarmes français assistent à l'audition (Actualisé avec Valls, procureur)

LONDRES-PARIS, 24 juin (Reuters) - La police britannique a annoncé lundi le placement en garde à vue d'un suspect dans le quadruple meurtre de Chevaline, près d'Annecy (Haute-Savoie), en septembre dernier.

Le procureur de la République d'Annecy, Eric Maillaud, a précisé qu'il s'agissait du frère du Britannique d'origine irakienne, Saad al Hilli, assassiné en même temps que sa femme Ikbal, la mère de cette dernière et un cycliste français, le 5 septembre sur un chemin forestier de Chevaline.

Les deux fillettes du couple présentes sur les lieux du crime ont survécu au massacre.

"Un homme de 54 ans a été arrêté dans une maison de Chessington, dans le Surrey, vers 07h30, et est actuellement en garde à vue où il sera soumis à interrogatoire", précise la police britannique dans un communiqué.

Saad et Ikbal al Hilli vivaient également dans le Surrey, au sud-ouest de Londres.

Les enquêteurs britanniques considéraient jusqu'à présent qu'il n'y avait pas d'éléments suffisants pour placer Zaïd al Hilli "sous le statut de suspect", mais le dossier s'est étayé, "même s'il n'y a pas d'accélération particulière de l'enquête", a expliqué Eric Maillaud.

"Ça n'était pas possible jusque-là au regard du système judiciaire britannique", a-t-il dit à Reuters.

Pour le magistrat, l'hypothèse d'un conflit familial reste la plus intéressante à ce jour et trois gendarmes français assistant à l'audition du suspect.

CONFLIT FAMILIAL

Si Zaïd al Hilli a été arrêté, c'est parce que des "preuves formelles et écrites ne laissent plus aucun doute sur le conflit familial très violent qui opposait les deux frères sur la question de l'héritage de leur père", a-t-il expliqué.

"Cela ne signifie pas qu'il est coupable", a ajouté Eric Maillaud. "Nous avons cependant la certitude que Zaïd al Hilli était prêt à tout pour récupérer l'héritage de son père y compris par des moyens illégaux."

Le ministre français de l'Intérieur, Manuel Valls, a souligné pour sa part qu'il ne s'agissait que d'une "étape" dans l'enquête en cours depuis près de dix mois.

"On est dans le cadre de l'enquête, elle se poursuivra, elle nécessite encore beaucoup d'auditions", a-t-il dit lors d'un déplacement dans le Rhône.

Le frère du père de famille avait déjà été interrogé en Grande-Bretagne mais les questions étaient restées très formelles compte tenu du droit britannique. "En fait, on ne pouvait rien lui demander", a dit une source judiciaire.

Il n'est pas soupçonné a priori d'être le tireur puisque ce gérant d'un club de golf avait fourni un alibi mais les enquêteurs français avaient évoqué l'hypothèse d'un éventuel tueur à gages.

Zaïd al Hilli, qui avait passé des appels vers la Roumanie, sera cette fois entendu sur sa relation avec son frère et sur son emploi du temps, a dit Eric Maillaud.

L'héritage concerne un compte en Suisse d'un montant d'un million d'euros, un appartement en Espagne, et des biens en Irak. (Costas Pitas; Henri-Pierre André pour le service français avec Gérard Bon à Paris, Catherine Lagrange à Lyon, édité par Sophie Louet)