Zurich (awp) - Le produit intérieur brut (PIB) helvétique a augmenté de 0,6% au 3e trimestre par rapport au partiel précédent, surtout grâce aux impulsions positives de l'industrie manufacturière. Entre avril et juin, la croissance économique avait enregistré une progression révisée de 0,4%, a annoncé jeudi le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco).

Cette embellie conjoncturelle devrait se poursuivre, selon le baromètre publié également jeudi par le Centre de recherches conjoncturelle (KOF).

La croissance au 2e trimestre s'affichait initialement à +0,3%. L'accélération au 3e trimestre est conforme aux attentes des économistes consultés par AWP. Ces derniers anticipaient un indicateur oscillant entre +0,5% et +1,1%.

Pendant la période sous revue, l'industrie manufacturière a pris 2,2%, une avancée bien plus importante qu'au 2e trimestre. De nombreuses branches des services, y compris le commerce (+0,6%), les services aux entreprises (+0,2%) et le secteur de la santé (+0,5%) ont aussi contribué à la croissance.

En revanche, la création de valeur a légèrement reculé dans la construction (-0,6%) et la finance (-0,6%), détaille le communiqué du Seco.

HAUSSE DES INVESTISSEMENTS

La croissance du PIB a été portée tant par la demande intérieure finale que par le commerce extérieur. La consommation, les investissements en biens d'équipement et les exportations nettes ont augmenté, alors que les investissements dans la construction ont légèrement baissé.

La consommation privée (+0,4%) évolue dans la moyenne pluriannuelle et a été largement tirée par différents segments, notamment la santé, le logement et l'énergie, ainsi que les loisirs et la culture.

Quant à la progression de la consommation publique (+0,5%), elle est également restée dans la moyenne de l'année. Les investissements en biens d'équipement (+0,9%) ont été soutenus notamment par ceux réalisés dans les machines et dans l'informatique. Toutefois, les investissements dans la construction ont baissé (-0,1%).

La balance commerciale a aussi contribué de manière positive à la croissance du PIB au 3e trimestre. Après un trimestre modéré, les sorties de marchandises (+2,1 %) ont connu une nette accélération reposant sur une large assise (chimie, horlogerie, machines et énergie). Par contre, les exportations de services ont légèrement régressé (-0,4%), y compris dans les rubriques de poids que sont les services financiers ainsi que les licences et brevets.

Les importations de marchandises, très dynamiques au trimestre précédent, ont baissé (-1,6%), principalement en raison du recul des importations de véhicules et de produits chimiques et pharmaceutiques. Les importations de services ont aussi légèrement diminué (-0,7%), entre autres dans le domaine du tourisme.

LE PIB DEVRAIT POURSUIVRE SON AVANCÉE

L'accélération du PIB devrait se maintenir, selon le baromètre établi par le Centre de recherches conjoncturelle (KOF) de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ). Ce dernier s'est étoffé pour le troisième mois d'affilée, passant à 110,3 points, après 109,8 en octobre.

"La croissance économique helvétique avance finalement quelque peu", constate pour sa part le chef économiste de VP Bank, Thomas Gitzel. Le spécialiste souligne que ces chiffres mettent fin à l'écart observé jusqu'ici entre l'évolution du PIB et de l'indice PMI suisse, ce dernier affichant une des valeurs les plus élevées mondialement.

La croissance suisse se calque sur les tendances globales, ce qui veut dire que les investissements prennent davantage d'importance. Si des entreprises achètent plus de produits auprès de leurs pairs, cela renforce le taux d'emploi et les incitations à l'investissement augmentent aussi, explicite la banque.

La Suisse profite aussi de la reprise conjoncturelle dans la zone euro car les exportations augmentent aussi, poursuit M. Gitzel.

"Pour la BNS, il s'agit d'un cadeau de Noël avant l'heure", estime aussi le responsable. Le franc ne pèse plus sur l'économie suisse, mais un relèvement des taux d'intérêt n'est pas encore d'actualité.

Quant aux économistes de BAK Economics, ils saluent que la croissance du 3e trimestre s'appuie sur de nombreux secteurs, même si l'industrie manufacturière s'est distinguée en particulier. "Il s'agit d'un signal positif supplémentaire", relèvent-ils.

Les économistes de différents instituts et établissements bancaires anticipent une croissance du PIB suisse entre 0,8% et 1,3% pour l'année en cours.

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