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ZURICH, 30 novembre (Reuters) - Les électeurs suisses ont rejeté massivement dimanche les trois initiatives soumises à votation populaire - sur les réserves d'or de la Banque centrale suisse (BNS), sur une limitation de l'immigration et sur l'abolition des "forfaits fiscaux", selon les résultats définitifs.

"Le résultat des votations sur l'or et sur l'immigration montre que l'opinion publique suisse veut une politique économique internationale cohérente et ne souhaite pas créer de nouvelles tensions avec les voisins de l'Union européenne", a estimé Reto Foellmi, professeur d'économie internationale à l'université de Saint Gall.

L'initiative sur les réserves d'or est celle des trois qui a subi le rejet le plus massif, puisque 77,3% des électeurs ont voté "non" et 22,7% "oui", selon le résultat final.

Cette initiative, qui avait été présentée par le Parti populaire suisse, un mouvement d'extrême droite, prévoyait que la Banque centrale devrait détenir au moins 20% de ses actifs en or (contre 8% à l'heure actuelle) et qu'elle ne pourrait jamais se séparer de ces réserves, déjà les septièmes au monde.

Si la motion avait été adoptée, la Banque nationale suisse, qui avait appelé les électeurs à rejeter cette proposition, estimait qu'elle aurait dû acheter en cinq ans pour 70 milliards de francs suisses d'or (environ 58 milliards d'euros), soit deux-tiers de la production annuelle de ce métal.

La BNS a salué le rejet de l'initiative sur les réserves d'or.

PAS DE REJET DES "FORFAITS FISCAUX"

"Une acceptation de l'initiative aurait fortement entravé l'accomplissement de ce mandat. La BNS peut donc poursuivre aux mêmes conditions que jusqu'ici sa politique monétaire axée sur la stabilité des prix", lit-on dans un communiqué de la BNS.

"Dans les circonstances actuelles, le cours plancher en demeure l'instrument central. La Banque nationale continuera à le faire prévaloir avec toute la détermination requise. A cette fin, elle est prête à acheter des devises en quantité illimitée. Si nécessaire, elle prendra immédiatement des mesures supplémentaires".

En outre, 74,1% des votants ont rejeté l'initiative "Ecopop", qui portait sur l'instauration d'un quota d'immigration qui se serait traduit par la réduction de 75% du nombre d'étrangers actuellement autorisés à s'installer dans la Confédération.

Le gouvernement helvétique a estimé que l'état de la situation entre la Suisse et l'UE, qui maintient que la libre circulation des personnes n'est pas négociable, était inchangé après le référendum de dimanche sur l'immigration.

Enfin, la troisième initiative, sur l'abolition des "forfaits fiscaux", a elle aussi été rejetée, quoique à une majorité de "non" moindre. Au vu des résultats, 59,2% ont voté contre et 40,8% pour. Un seul des cantons a voté majoritairement "oui", celui de Schaffouse dans le nord de la Confédération.

La disposition sur les "forfaits fiscaux" permet aux étrangers résidents en Suisse mais qui n'y travaillent pas d'être imposés non pas en fonction de leurs revenus mais de leur train de vie, ce qui a fait de la Confédération une destination très prisée des milliardaires.

L'organisation de "votations populaires" est possible en Suisse à condition de recueillir 100.000 signatures de soutien. Si la motion est adoptée, elle doit être inscrite dans la loi dans les trois ans.

La multiplication de ces initiatives ces dernières années traduit l'inquiétude d'une partie de la société suisse face à la mondialisation - que ce soit l'immigration ou les pressions des partenaires commerciaux de la Suisse pour que cette dernière renonce à son modèle économique reposant sur le secret bancaire.

(Alice Baghdjian et Caroline Copley; Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)