par Oliver Holmes et Tracy Rucinski

CORDOUE, Espagne, 10 janvier (Reuters) - Les différentes factions de l'opposition syrienne, réunies pour la première fois à Cordoue en Espagne, ont plaidé vendredi en faveur d'une nouvelle coalition sans parvenir à s'entendre sur une participation à la conférence "Genève II" prévue à partir du 22 janvier en Suisse.

A moins de quinze jours de l'ouverture sur les bords du lac Léman des premières négociations directes avec le gouvernement de Bachar al Assad, l'opposition syrienne continue d'afficher ses divisions alors que sur le terrain les combats se poursuivent entre factions rebelles. (voir )

La Coalition nationale syrienne (CNS), principale organisation de l'opposition soutenue par les Occidentaux et les pays du Golfe, continue d'être paralysée par les disputes.

Elle a reporté à la semaine prochaine une décision attendue sur la participation à "Genève II" après la réélection d'Ahmad al Djarba, soutenu par les Saoudiens, à la tête de la CNS. Un quart des 121 membres de l'instance ont menacé de démissionner à l'issue du scrutin.

Le communiqué final de la réunion de Cordoue propose la constitution d'une commission chargée de coordonner les groupes de l'opposition afin d'organiser une conférence nationale réunissant un millier de participants, a indiqué Yahya al Aridi, porte-parole de la réunion.

"C'est notre engagement : nous consacrer à trouver des gens qui ont des différences mais qui ont aussi un objectif commun", a-t-il dit.

Le porte-parole a précisé que la commission ne serait pas une instance politique et qu'elle ne remplacerait pas la CNS, considérée par les Occidentaux et les pays du Golfe comme l'opposition officielle au président Assad.

Le communiqué réitère la demande récurrente de l'opposition selon laquelle "Genève II" doit déboucher sur la création d'une autorité de transition en Syrie dans laquelle Bachar al Assad ne jouerait aucun rôle. Pour le gouvernement de Damas, le chef de l'Etat doit en revanche conserver son pouvoir.

PAS DE BUT CLAIR

C'était la première fois que l'opposition en exil se retrouvait face à des représentants vivant toujours en Syrie et souhaitant avant tout des réformes et non une mise à l'écart d'Assad. Ces représentants, tolérés par les autorités syriennes, sont en désaccord avec les organisations armées sur le terrain comme avec l'opposition réfugiée à l'étranger.

L'Espagne, qui abritait la réunion, espérait qu'elle soit la plus large possible afin de parvenir à un consensus mais deux groupes importants n'ont pas dépêché de représentants : le Comité national de coordination des forces du changement démocratique (CNCD), principale instance de l'opposition interne, et le Front islamique.

Le CNCD a refusé de se rendre à Cordoue car seuls deux de ses membres avaient été invités alors qu'il envisageait une délégation de 10 à 15 membres. "Cette réunion ne présentait pas une vision claire et un objectif clair", a expliqué Khalaf Dahoud, membre du bureau exécutif du CNCD.

Le Front islamique a, lui, été représenté par des alliés. "Il s'agit de gens qui les connaissent, qui ont des relations avec eux et qui soutiennent leur point de vue", a dit Aridi.

Un diplomate français, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, a jugé que l'opposition syrienne était fondée à s'interroger sur une participation à "Genève II" dans la mesure où Damas refuse d'envisager une transition.

Les "Amis de la Syrie" doivent se retrouver dimanche à Paris pour tenter de préparer le sommet. (Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)