PARIS, 5 juin (Reuters) - L'islamologue suisse Tariq Ramadan a échappé lundi à une nouvelle mise en examen pour viol après plus de dix heures d'interrogatoire par des juges d'instruction, dont il est sorti avec le statut de témoin assisté, a dit à Reuters son avocat.

Il a notamment été interrogé sur ses relations avec une ex-escort-girl de 45 ans, Mounia Rabbouj, qui l'accuse de l'avoir violée à au moins neuf reprises et a remis aux enquêteurs une robe portant, selon elle, des traces de sperme du théologien.

"Avec les explications de M. Ramadan ainsi que plus de 300 vidéos et 1.000 photos qui attestent de la nature réelle de leurs relations sexuelles parfaitement libres et consenties, les magistrats ont considéré qu'on ne pouvait pas le poursuivre", dans ce volet du dossier, a expliqué Me Emmanuel Marsigny.

Le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans Hassan el-Banna, incarcéré depuis le 2 février, reste cependant en examen pour viol et viol sur personne vulnérable dans le cas de deux autres plaignantes.

Mais pour son avocat, l'interrogatoire de lundi marque "un véritable tournant dans ce dossier".

Ce "tournant" intervient "juste après les changements de version de Mme (Henda) Ayari", l'une des deux autres plaignantes, "confrontée aux éléments matériels du dossier qui rendaient impossible ce qu'elle racontait", a ajouté Emmanuel Marsigny.

"Bien évidemment, la question de la détention de M. Ramadan va se poser dans les jours qui viennent", a-t-il estimé.

Il a déjà tenté à plusieurs reprises, jusqu'ici en vain, d'obtenir la libération de son client, en invoquant notamment son état de santé; Tariq Ramadan souffre d'une sclérose en plaque.

Henda Ayari, une ex-salafiste, accuse Tariq Ramadan de l'avoir agressée en marge d'un congrès de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) en 2012.

La troisième plaignante française, quadragénaire convertie à l'islam et handicapée depuis un accident de voiture, a dit aux enquêteurs avoir subi des violences sexuelles dans une chambre d'hôtel à Lyon en 2009.

Mounia Rabbouj fut citée dans l'affaire de proxénétisme du Carlton de Lille dans laquelle l'ex-ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn avait été mis en cause avant d'être relaxé. (Emmanuel Jarry, édité par Wilfrid Exbrayat)