Décidément, la première réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine présidée par Janet Yellet aura surpris les opérateurs de changes. Après une baisse déjà marquée de 0,82% hier, la monnaie unique européenne perd encore 0,41% jeudi midi contre la devise américaine à 1,3763 dollar. Elle a ainsi perdu deux centimes relativement au point haut de 1,3967 atteint le 13 mars dernier.

En effet, le premier FOMC (le comité de politique monétaire de la banque centrale américaine) placé sous la présidence de Janet Yellen s'est terminé hier soir par la traditionnelle conférence de presse. Alors que Mme Yellen était généralement considérée comme une “super colombe”, son discours s'est révélé plus “faucon” que prévu.

“Le marché a réagi en brandissant le spectre d'une hausse des taux”, résument les courtiers de RTFX.

Notons d'abord que la Fed a ajusté ses prévisions macroéconomiques, comme tel est le cas chaque trimestre : son anticipation de croissance du PIB des Etats-Unis en 2014 a été, en moyenne, ramenée de 3% à 2,9%, et celle de 2015 de 3,2% à 3,1%.

Au-delà de la perturbation induite durant l'hiver par le 'vortex polaire' et la vague de froid qui l'a accompagné, la Fed se montre donc légèrement moins optimiste quant à la conjoncture américaine. Ce qui ne l'empêche pas d'abaisser son taux de chômage prévisionnel de l'année en cours de 6,45% à 6,20%, ni de maintenir quasi-inchangées les projections d'inflation.

Malgré tout et comme prévu, les programmes 'non conventionnels' de rachats d'actifs obligataires visant à soutenir la croissance, les fameux QE, seront de nouveau rabotés de 10 milliards de dollars par mois. A compter du 1er avril, leur rythme mensuel sera ramené de 65 à 55 milliards de dollars.

Mais l'élément qui perturbe le plus les opérateurs est à rechercher du côté de la politique monétaire conventionnelle : certes, il était prévu que la 'forward guidance' (l'indication prévisionnelle) de taux courts soit amendée, puisqu'elle faisait précédemment référence à un taux de chômage de 6,5%, alors qu'il était déjà revenu à 6,7% en février.

Mais ce faisant, Janet Yellen a bousculé les anticipations du marché quant à la date à laquelle les taux directeurs, actuellement de 0-0,25%, seront relevés : comme l'indique Aurel BGC, 'durant sa conférence de presse, Mme Yellen a précisé que cette hausse des taux directeurs pourrait intervenir 'autour de 6 mois' après la fin du tapering, donc dans la première moitié de 2015'.

Or avant le FOMC, le consensus n'attendait pas de durcissement avant le courant du 2e semestre 2015. Désormais, les cambistes de Société Générale estiment que le premier relèvement de taux pourrait intervenir dès le 2e trimestre 2015, et que ceux qui suivront pourraient ensuite se produire plus rapidement que prévu.

Aurel BGC ajoute : 'la lisibilité de la politique monétaire est moins importante avec ces nouvelles 'forward guidances'. Mais le message essentiel est qu'un plus grand nombre de membres du FOMC anticipent une sortie de la politique de taux 0% en 2015 que tel n'était le cas en décembre. Un début de normalisation de la politique monétaire s'impose, sauf forte révision à la baisse du scénario économique'.

Chez la banque canadienne FBN, les analystes estiment que 'le remplacement des indications prospectives quantitatives (c'est-à-dire le seuil de 6,5% du chômage) par des indications qualitatives rendra les marchés financiers plus sensibles aux données financières futures à mesure que l'expansion se poursuivra'.

L'euro recule avec plus de mesure face à la devise nippone de 0,31% à 141,07 yens et de 0,32% contre le sterling à 0,8339. La stabilité est en revanche de mise face au franc suisse, à 1,2194 franc l'euro.

Cet après-midi aux Etats-Unis, seront dévoilées les inscriptions aux allocations chômage, avant les ventes de logements anciens, les indicateurs avancés du Conference Board et l'indice de la Fed de Philadelphie.

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