En route vers les 1,36 dollar, la monnaie unique européenne a repris sa marche en avant contre le billet vert alors que la paralysie budgétaire est désormais officielle à Washington. Ce midi, l'euro gagne encore 0,18% à 1,3546 dollar, non sans avoir touché en séance un sommet à 1,3588.

'La situation politique s'est encore détériorée' aux Etats-Unis, constate un opérateur. La veille, Républicains et Démocrates n'ont pu s'accorder au Sénat, la chambre haute américaine, pour voter le budget alors que la 'date limite' était précisément hier soir, chaque camp renvoyant la responsabilité sur l'autre. Faute de budget pour le nouvel exercice fiscal (décalé par rapport à l'année calendaire) qui vient de commencer, l'administration fédérale va devoir fermer temporairement certains services.

Selon Vincent Ganne, analyste chez FXCM, “le gouvernement Américain a donc demandé à ses agences administratives de ne pas ouvrir ce matin”.'Une paralysie d'une partie des administrations américaines est acquis ce matin', confirment les spécialistes d'Aurel BGC. “L'Etat fédéral du pays se retrouve donc plongé dans une paralysie partielle avec une conséquence immédiate sur l'emploi de centaines de milliers d'américains”, renchérit Saxo Banque. Si la crise venait à se prolonger et qu'un nombre important de fonctionnaires était contraint de rester à la maison, la dynamique du PIB sur la période en pâtirait.

Dans l'histoire des Etats-Unis, un tel cas de figure s'est présenté 17 fois, mais le dernier exemple en date remonte à plus de 16 ans.

Comme le rappelle Vincent Ganne, la situation des administrations publiques devrait se normaliser ces prochains jours. “Il y a eu un précédent à un tel évènement, qui remonte à l'année 1996 et qui avait duré plus de 20 jours, à cheval sur les années 1996 et 1997.”

Mais “chaque jour de fermeture représente un coût pour le budget des Etats-Unis, un coût dont le gouvernement Américain se serait bien passé à quelques jours de l'atteinte du plafond de la dette publique aux Etats-Unis”, ajoute l'analyste de FXCM.

'Une fermeture partielle et temporaire des administrations n'est pas encore perçue comme un risque systémique par une majorité d'investisseurs. Pourtant, cette incertitude budgétaire devrait peser lourdement sur la confiance des agents économiques et sur l'activité économique. De plus, il démontre l'impossibilité des deux chambres d'obtenir un consensus', redoute-t-on aussi chez Aurel BGC.

Le tout est de savoir quand le Congrès américain parviendra à s'entendre sur un budget, car le temps presse. “Nous rappelons que les mesures exceptionnelles de financement mises en place par le gouvernement américain devraient s'épuiser à l'horizon du 17 octobre”, indique Saxo Banque.

Cette crise politique américaine l'emporte sur l'imbroglio italien : après que Silvio Berlusconi, le patron du Peuple des liberté, l'un des partis formant la coalition gouvernementale italienne, ait enjoint aux ministres de son camp de démissionner, la colère gronde. “Une vingtaine de sénateurs issus du PdL se sont désolidarisé de M. Berlusconi et se disent prêts à former un groupe favorable à la coalition”, indique un spécialiste. Le gouvernement Letta pourrait donc survivre. Prucence, car M. Berlusconi risque d'être destitué de son siège de sénateur, mercredi.

“Les derniers sondages font état d'une nouvelle impasse politique en cas d'élections, ce qui devrait dissuader le président Giorgio Napolitano de dissoudre le parlement”, ajoute l'intervenant.

Du côté de l'agenda statistique européen, on a appris ce matin que le secteur manufacturier de la zone euro avait enregistré un troisième mois consécutif de croissance en septembre. A 51,1, en légère baisse par rapport à août (51,4), l'indice PMI final Markit du secteur signale un taux d'expansion modéré, conforme à sa dernière estimation flash.

En outre, le taux de chômage corrigé des variations saisonnières dans la zone euro s'est établi à 12% en août 2013, stable par rapport à juillet, d'après les données d'Eurostat.

En revanche, le nombre de demandeurs d'emploi en Allemagne a augmenté de 25.000 au mois de septembre en rythme séquentiel, selon des données corrigées de variations saisonnières de l'agence fédérale du travail.

Dans le contexte actuel, les cambistes seront probablement plus sensibles cet après-midi aux nouvelles du front budgétaire, à Washington, qu'aux indicateurs économiques. On guettera cependant, du côté américain et à 16h00, les dépenses de construction pour août et l'ISM manufacturier pour septembre, attendus respectivement en hausse de 0,4% et en baisse à 55,2.

Par ailleurs, l'euro cède 0,40% à 132,41 yens, 0,14% contre le sterling à 0,8344, mais reste stable contre le franc suisse à 1,2245 franc l'euro.


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