Zurich (awp) - La croissance de l'économie suisse demeurera nettement inférieure à la moyenne cette année. Confirmant ses prévisions de mars dernier, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) anticipe une progression du produit intérieur brut (PIB) helvétique de 0,8% en 2023 et une accélération à 1,8% l'an prochain. L'inflation persistante devrait amener la Banque nationale suisse (BNS) à resserrer davantage sa politique monétaire.

Si l'économie helvétique a connu une évolution dynamique en première partie d'année, dans un contexte de baisse des prix de l'énergie, la pression inflationniste n'en demeure pas moins forte à l'international, observent jeudi les services du ministre de l'économie Guy Parmelin. Les risques conjoncturels demeurent importants, avertit le groupe d'expert du Seco.

En termes corrigés des événements sportifs, l'économie helvétique devrait afficher une croissance de 1,1% cette année et de 1,5% en 2024, des attentes également inchangées par rapport à celles présentées en mars dernier. Un niveau qui restera nettement inférieur à la moyenne. Comme en mars, le Seco a établi ses prévisions en excluant une pénurie d'énergie entraînant des arrêts de production généralisés au cours de l'hiver prochain.

Au premier semestre, le PIB de la Suisse a sensiblement augmenté, à la faveur d'une demande intérieure finale solide, laquelle a bénéficié d'une progression importante de la consommation privée. De plus, l'industrie a fourni des impulsions supplémentaires en bénéficiant de la hausse des exportations.

Signaux contrastés

Les indicateurs actuels émettent cependant des signaux contrastés, constate le Seco. Dans ce contexte, l'économie suisse devrait quelque peu marquer le pas en deuxième partie d'année au regard du 1er semestre.

Au niveau international, l'évolution des derniers mois s'est révélée plus favorable que prévu en mars dernier, le repli observé dans la zone euro contrastant avec la bonne tenue des économies chinoise et américaine. L'embellie illustre une modération du renchérissement à la faveur de la baisse des prix de l'énergie. Cependant, l'inflation sous-jacente dans les grands pays industrialisés s'est révélée plus forte qu'attendu en mars.

La consommation privée devrait malgré tout présenter une hausse modérée ces prochains mois, tirant aussi profit de la bonne tenue du marché du travail, avec un taux de chômage attendu à 2% cette année et 2,3% en 2024. En progression mais toujours inférieurs à la moyenne, les investissements apporteront aussi leur soutien. Au final, la demande intérieure devrait représenter le principal moteur de la croissance en 2023.

Sur le front des prix à la consommation, le Seco anticipe toujours un renchérissement relativement élevé cette année en Suisse, tout en ramenant sa prévision d'inflation à 2,3%, contre 2,4% précédemment. La baisse des coûts de l'énergie ne compense pas la pression constante des tarifs affichés dans d'autres secteurs, notamment dans l'alimentaire. En 2024, le renchérissement devrait ralentir davantage à 1,5%.

Le chemin à parcourir pour atteindre la stabilité des prix - soit une inflation égale ou inférieure à 2% - est encore long, a averti Eric Scheidegger, le chef de la direction de la politique économique du Seco.

"Des effets de second tour ne sont pas exclus", a poursuivi le responsable lors d'une conférence de presse. L'inflation pourrait en effet encore être portée par le manque de main d'oeuvre sur le marché de l'emploi et d'éventuelles hausses des salaires qui souffleraient sur les braises de l'accélération des prix.

Certains éléments ayant conduit ces derniers mois à la montée des prix au niveau mondial sont cependant en train de disparaître. Il en va ainsi des problèmes d'approvisionnement en Suisse et à l'international.

Face à une inflation encore persistante cette année, la BNS va très probablement relever une nouvelle fois son taux directeur la semaine prochaine. L'institut d'émission devrait ainsi emboiter le pas à la Banque centrale européenne (BCE), qui a augmenté ce jeudi de 0,25 point de pourcentage ses principaux taux directeurs.

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