Zurich (awp/ats) - Les préjudices causés par des actes répondant de la criminalité économique ont porté sur un montant record de plus de 1,4 milliard de francs suisses en 2016 en Suisse. Le nombre de cas a diminué en revanche, à 57 contre 91 un an plus tôt.

La somme de 1,4 milliard de francs suisses est en progression de 280 millions par rapport à 2015, a indiqué mercredi le cabinet KPMG en publiant l'édition annuelle de son "KPMG Forensic Fraud Barometer". Le record s'explique notamment par un cas de criminalité ayant à lui seul provoqué un préjudice de quelque 800 millions.

Il s'agit de l'affaire Behring (douze ans de procédure, cinq semaines de procès), du nom de l'ancien financier bâlois reconnu coupable fin septembre par le Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone d'escroquerie par métier. L'homme a alors été condamné à cinq ans et demi de prison.

Dieter Behring était accusé d'avoir abusé de la confiance de près de 2000 personnes entre septembre 1998 et octobre 2004. Il promettait aux investisseurs des rendements mirobolants grâce à un système financier qu'il avait développé lui-même. Sa déconfiture a laissé un trou de plus de 800 millions de francs suisses.

Ensuite, KMPG rappelle l'existence de trois délits, qui ont représenté chacun une valeur de plus de 125 millions de francs suisses.

SURTOUT DANS LE PRIVÉ

Dans le détail, la somme moyenne des pertes infligées à des investisseurs privés a atteint 165 millions de francs suisses l'an dernier. Le préjudice total s'est élevé à 1,16 milliard. Les délinquants se sont souvent révélés être des conseillers en placement indépendants et des négociants en devises.

Le montant moyen s'est fixé pour sa part à 13 millions de francs suisses pour les collectivités et autres institutions publiques. La perte totale s'est ici montée à 159 millions environ, une somme qualifiée de "relativement basse" par le cabinet d'audit et de conseil.

Au-delà des seuls chiffres, KPMG s'efforce de dresser un portrait des situations relevées et des délinquants économiques. L'an passé, la fraude commerciale et la simple escroquerie ont ainsi compté parmi les délits les plus fréquents.

TRAIN DE VIE ÉLEVÉ

Les auteurs des délits ont souvent trouvé leur motivation dans le financement d'un style de vie coûteux (13 cas) ou dans la volonté d'éviter la faillite de leur propre entreprise (7 cas).

Sur le plan humain, le plus gros risque émane des cadres dirigeants d'une entreprise. Ces derniers disposent en effet d'une plus grande latitude de par leur fonction interne et par leur marge de manoeuvre étendue.

Dans 58% des délits, le management a été le seul responsable des faits, constate le cabinet dans son baromètre. Dans 21% des cas, des employés ont aussi été impliqués dans la fraude. En conclusion, KMPG appelle à accroître les efforts en matière de prévention.

La statistique se base sur les cas jugés par des tribunaux suisses. Il s'agit de situations traitées en audience publique ou publiées dans les médias.

ats/jh