C'est la semaine des grandes banques centrales avec la réunion de la Réserve fédérale américaine, de la Banque centrale européenne et de la Banque du Japon.

La Fed devrait cesser de relever ses taux (pour l'instant), la BCE continuer à le faire (pour l'instant), tandis que la BOJ reste en mode "stop" (pour l'instant). Les chiffres de l'inflation américaine, les données chinoises et un moment crucial pour UBS et Credit Suisse signifient qu'il y a beaucoup de choses à faire.

Li Gu à Shanghai, Kevin Buckland à Tokyo, Ira Iosebashvili à New York, Yoruk Bahceli à Amsterdam et Noele Illien à Zurich vous donnent un aperçu de la semaine à venir sur les marchés.

1/ BEAUCOUP DE CHOSES SE PASSENT

Les marchés n'ont pas un mais deux événements principaux avec les données sur l'inflation américaine de mai publiées mardi, alors que la Fed entame sa réunion de deux jours.

Des signes indiquant que l'inflation américaine a continué à ralentir en mai seraient probablement bien accueillis par les marchés, après que de solides données sur l'emploi aient renforcé les arguments de ceux qui parient que les hausses de taux atténuent les pressions sur les prix sans nuire gravement à la croissance. Les prix à la consommation devraient augmenter de 0,3 % sur une base mensuelle, après une hausse de 0,4 % en avril.

La Fed devrait maintenir les coûts d'emprunt inchangés mercredi, et les investisseurs tenteront d'évaluer l'appétit pour d'autres hausses à venir. Pour l'instant, les marchés ne prévoient qu'une seule augmentation cette année, une perspective avec laquelle les investisseurs semblent à l'aise, à en juger par la récente performance des actions américaines.

2/ CE N'EST PAS ENCORE FINI

Jeudi, une nouvelle hausse de 25 points de base des taux d'intérêt de la BCE semble probable, et les opérateurs souhaitent obtenir des indices de la banque centrale de la zone euro sur la suite des événements. Il est de plus en plus probable que le cycle de hausse des taux le plus rapide de l'histoire de la BCE se termine bientôt.

L'inflation dans la zone euro a baissé plus rapidement que prévu en mai et l'inflation de base - qui exclut les prix volatils - a ralenti pour le deuxième mois. L'économie de l'Union européenne est entrée en récession et les prêts bancaires ralentissent rapidement.

Les marchés estiment que la BCE n'aura plus rien à faire après une nouvelle hausse de 25 points de base, que les économistes interrogés par Reuters prévoient pour juillet.

Mais les responsables de la fixation des taux devront veiller à garder leurs options ouvertes. L'inflation de base, à peine inférieure à un record, reste élevée, de sorte que certains faucons gardent à l'esprit la possibilité d'une hausse après l'été.

3/ NO GO BOJ

Kazuo Ueda, gouverneur de la BOJ récemment nommé, affirme que la mentalité collective du Japon s'éloigne progressivement de la croyance, vieille de plusieurs décennies, selon laquelle les prix à la consommation et les salaires resteront bas.

Cependant, les esprits animaux émergents n'étaient nulle part en avril, lorsqu'une forte baisse des dépenses des ménages a dépassé même les prévisions les plus pessimistes des économistes.

C'est logique si l'on considère que d'autres données montrent que les salaires réels ont baissé pour le treizième mois consécutif, alors même que les syndicats ont négocié la plus forte augmentation de salaire depuis trente ans lors des négociations salariales de printemps.

Tout cela conforte le marché dans l'idée qu'il est trop tôt pour que la BOJ modifie ses mesures de relance vendredi. M. Ueda a indiqué que la politique ultra-légère serait maintenue jusqu'à ce que les gains salariaux et l'inflation soient stables et durables. Mais la BOJ a un penchant pour les surprises politiques, ce qui signifie que la complaisance pourrait s'avérer douloureuse.

4/ UN PESSIMISME EXACERBÉ ?

L'espoir que la Chine puisse bientôt mettre en œuvre de nouvelles mesures de relance est très élevé, ce qui a pour effet d'atténuer le pessimisme quant à la lenteur de la reprise économique après la crise du COVID.

Les actions des promoteurs immobiliers ont augmenté en raison de la spéculation sur un nouveau programme de soutien à l'immobilier. L'échec cuisant des exportations chinoises en mai a à peine ébranlé le marché, les investisseurs pariant sur le fait que la faiblesse des données renforce les arguments en faveur de mesures de relance.

Les données sur les prix des logements neufs pour le mois de mai sont attendues jeudi, après qu'une enquête privée ait montré que les prix des logements neufs ont baissé pour la première fois en quatre mois en mai et que les ventes de logements se sont effondrées.

D'autres données publiées jeudi pourraient mettre en lumière la hausse du chômage et la prudence des consommateurs, qui ont également nui à l'économie. Alors que chaque donnée renforce les attentes de nouvelles mesures de relance, le pic de pessimisme à l'égard de l'économie chinoise est peut-être passé.

5/ SUPER-BANQUE

La course à la finalisation d'un accord entre les plus grandes banques suisses pourrait bientôt être terminée, UBS s'attendant à finaliser l'acquisition de sa rivale Credit Suisse dès le 12 juin.

La question se pose alors de savoir à quoi ressemblera la nouvelle super-banque, dont le bilan s'élèvera à 1 600 milliards de dollars et dont les actifs s'élèveront à 5 000 milliards de dollars.

De nombreux Suisses craignent que la nouvelle banque soit trop grande et trop risquée pour leur petit pays, pourtant riche. Ils craignent qu'elle soit difficile à réglementer et qu'en cas de problème, elle n'entraîne l'État dans sa chute. Les régulateurs suisses n'ont déjà pas réussi à éviter un désastre au Credit Suisse.

Qu'adviendra-t-il des activités nationales du Crédit suisse, considérées comme le joyau de la banque en faillite, et des milliers de personnes qu'elles emploient ? UBS a d'ores et déjà annoncé que des licenciements allaient être opérés dans les 120 000 employés de la banque fusionnée.