Rafah (awp/afp) - De violents combats opposent vendredi l'armée israélienne au Hamas dans la bande de Gaza, où après des jours de blocage de l'aide humanitaire, un premier déchargement a commencé sur la jetée provisoire mise en place par les Etats-Unis.

Au huitième mois de guerre contre le mouvement islamiste palestinien, l'armée israélienne a indiqué à l'AFP mener vendredi à Jabalia les combats "peut-être les plus acharnés" dans cette zone du nord de la bande de Gaza depuis le début de son offensive terrestre sur le territoire palestinien le 27 octobre.

Le camp de réfugiés de Jabalia a été également visé par des bombardements aériens et tirs d'artillerie israéliens, selon des témoins. Six personnes ont été tuées dans leur habitation bombardée, selon la Défense civile palestinienne.

L'armée israélienne a affirmé par ailleurs avoir terminé son opération dans le quartier de Zeitoun à Gaza-Ville (nord), après une semaine de "raids précis", tuant "plus de 90 terroristes".

Plus de 35.300 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués depuis le début de la guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le mouvement islamiste palestinien.

Après des jours de blocage des arrivées d'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine, l'armée américaine a annoncé qu'une première cargaison avait commencé à être déchargée vendredi via la jetée provisoire américaine arrimée sur la côte de la bande de Gaza.

Elle a également annoncé l'arrivée "d'environ 500 tonnes (d'aide) dans les prochains jours".

"Nous finalisons nos plans opérationnels pour nous assurer que nous sommes prêts à gérer" cette aide, a indiqué de son côté l'agence humanitaire de l'ONU (Ocha), assurant toutefois que la voie terrestre reste "la plus viable et la plus efficace".

Appel de 13 pays

A l'extrême sud du territoire palestinien, à Rafah, la branche armée du Hamas, les brigades Ezzedine al-Qassam, a affirmé avoir ciblé avec des tirs d'obus des troupes israéliennes "stationnées au poste frontière" avec l'Egypte.

La marine israélienne a mené de son côté des tirs sur la côte de Rafah où des milliers de déplacés du conflit continuent de fuir la ville après des frappes nocturnes qui ont fait des blessés, selon l'hôpital koweïtien de la ville.

Israël a annoncé jeudi son intention d'"intensifier" son offensive au sol à Rafah où l'objectif affiché est d'anéantir les derniers bataillons du Hamas, malgré les craintes de la communauté internationale pour la population civile dans cette ville où s'entassent des centaines de milliers de déplacés.

Treize pays --Japon, Canada, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni, Australie, Corée du Sud et sept Etats membres de l'UE dont la France-- lui ont adressé un appel conjoint à ne pas lancer d'offensive de grande ampleur sur Rafah, qualifiée de "décisive" par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Dans leur appel commun, les 13 pays réclament aussi "des efforts supplémentaires" pour améliorer les flux d'entrée de l'aide international "par tous les points de passage concernés, y compris celui de Rafah".

Depuis le déploiement le 7 mai de l'armée israélienne du côté palestinien du point de passage de Rafah, Israéliens et Egyptiens se renvoient la responsabilité de la paralysie de ce passage crucial pour l'entrée de l'aide, dont les livraisons sont aussi largement entravées aux passages côté israélien de Kerem Shalom et d'Erez.

"Pas de génocide"

Depuis qu'elle a ordonné aux civils de quitter les secteurs est de Rafah le 6 mai en prévision d'une offensive terrestre d'envergure, "600.000 personnes ont fui", selon l'ONU.

Depuis, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a reçu aucune fourniture médicale dans la bande de Gaza, a-t-elle a indiqué vendredi.

"Nous avons réussi à distribuer quelques fournitures mais il en manque encore beaucoup, notamment le carburant nécessaire au fonctionnement des hôpitaux", a déclaré un porte-parole de l'organisation à Genève, Tarik Jasarevic.

Sur les 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, quelque 1,4 million de personnes, habitants et personnes déplacées par les combats, se trouvaient jusque-là dans cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte.

"Les gens sont terrifiés et essaient de s'enfuir" vers le nord et la côte, "c'est très difficile, car il n'y a pas d'itinéraire sûr pour sortir de Rafah et il n'y a certainement pas de destination sûre à Gaza", a décrit Jens Laerke, porte-parole de l'Ocha.

A La Haye, au deuxième jour d'audience devant la plus haute juridiction de l'ONU saisie par l'Afrique du Sud qui affirme qu'Israël aurait intensifié une campagne "génocidaire" avec son opération à Rafah, le représentant israélien a dénoncé vendredi des accusations "totalement déconnectées" de la réalité.

"Une guerre tragique est en cours mais il n'y a pas de génocide", a déclaré aux juges Gilad Noam.

Trois morts au Liban

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque des commandos du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

L'armée a annoncé vendredi avoir trouvé et rapatrié les corps de trois otages de Gaza, qui avaient été "brutalement assassinés" par le Hamas en tentant de fuir le festival de musique Nova le 7 octobre dans le sud d'Israël. Sur les 252 personnes emmenées comme otages ce jour-là, 125 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 sont mortes selon l'armée.

Par ailleurs, 279 soldats israéliens ont péri depuis l'entrée des troupes israéliennes fin octobre à Gaza, où le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, a pris le pouvoir en 2007.

Sur un autre front, trois personnes parmi lesquelles deux Syriens, selon une source proche du mouvement islamiste Hezbollah, ont été tuées vendredi matin dans des frappes israéliennes dans le sud du Liban.

afp/rp