(Actualisé avec précisions sur le convoi et le lieu du bombardement)

par Mariam Karouny et Oliver Holmes

BEYROUTH, 30 janvier (Reuters) - L'aviation israélienne a pris pour cible un convoi routier à la frontière entre la Syrie et le Liban dans la nuit de mardi à mercredi, a-t-on appris auprès de diverses sources dans la région.

"La cible était un camion transportant des armes, se dirigeant de Syrie vers le Liban", a dit un diplomate occidental, selon lequel la cargaison ne comprenait probablement pas d'armes chimiques.

Une source au sein de la rébellion syrienne contre le président Bachar al Assad a déclaré qu'une frappe aérienne avait détruit à l'aube (04h30 GMT) un convoi sur une route montagneuse à environ cinq km au sud du point où l'autoroute Damas-Beyrouth franchit la frontière.

La cargaison comprenait probablement des missiles antiaériens et antichars sophistiqués, a-t-on ajouté de même source. "L'attaque a visé des camions transportant des armements perfectionnés du régime à destination du Hezbollah", a dit cette source en précisant que le bombardement avait eu lieu en Syrie, même si la frontière est difficile à repérer dans ce secteur.

De source proche des services de sécurité libanais, on précise qu'il n'y a eu aucun raid en territoire libanais. "Il n'y a pas eu d'attaque au Liban, ni à l'intérieur du territoire ni près de la frontière avec la Syrie."

Le gouvernement israélien a refusé de s'exprimer sur le sujet. Israël a dit récemment son inquiétude de voir une partie de l'arsenal militaire syrien tomber entre les mains de groupes incontrôlés.

DEMANDES DE MASQUES À GAZ EN ISRAËL

Le Liban a confirmé pour sa part que des avions de combat israéliens avaient survolé son territoire à plusieurs reprises entre mardi après-midi et mercredi matin. Dans un communiqué, l'armée libanaise dit que quatre appareils israéliens ont pénétré dans l'espace aérien libanais mardi à 16h30 (14h30 GMT).

Quatre heures plus tard, d'autres avions israéliens ont survolé le Sud-Liban et cette intrusion a duré jusqu'à deux heures du matin mercredi. Un troisième survol a eu lieu dans la matinée et s'est achevé à 07h55.

Le communiqué libanais ne dit pas si des appareils israéliens ont survolé le territoire syrien.

Dimanche, le vice-Premier ministre israélien Silvan Shalom a déclaré que l'Etat hébreu pourrait réagir militairement au moindre signe indiquant que la Syrie est en train de perdre le contrôle de l'arsenal d'armes chimiques qu'elle posséderait.

Si les chiites du Hezbollah libanais ou les rebelles qui tentent de renverser Bachar al Assad venaient à s'emparer d'armes chimiques, "cela modifierait de manière spectaculaire les capacités de ces organisations", a dit Silvan Shalom.

Une telle évolution représenterait "un franchissement de toutes les lignes rouges et nécessiterait une nouvelle approche, y compris même des opérations préventives", a-t-il ajouté.

De sources militaires israéliennes, on souligne que ces inquiétudes ne concernent pas seulement l'arsenal chimique syrien mais aussi les armes conventionnelles.

Interviewé mercredi par la radio israélienne, Silvan Shalom n'a pas dit si l'armée israélienne avait mené une opération sur le "front nord" mais a rappelé la menace que fait peser le conflit syrien sur toute la région. "Si les choses prennent une mauvaise direction, il faudra bien agir", a-t-il dit.

Les demandes de masques à gaz par des citoyens israéliens ont triplé cette semaine, selon les services postaux israéliens qui sont chargés de distribuer ces masques fournis par le gouvernement. (Avec Myra MacDonald à Londres, Guy Kerivel et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser)