(Actualisé avec soutien de Rafsandjani)

par Yeganeh Torbati

DUBAI, 11 juin (Reuters) - L'ancien président Mohammad Khatami, chef de file des réformistes iraniens, a apporté mardi son soutien à Hassan Rohani, unique candidat modéré en lice pour l'élection présidentielle de vendredi en Iran, après le retrait de Mohammad Reza Aref.

Rohani a également reçu le soutien d'un autre ancien chef d'Etat, Akbar Hachemi Rafsandjani, classé dans le camp des modérés et dont la propre candidature avait été rejetée par le Conseil des gardiens.

Le retrait de Reza Aref, même s'il était considéré comme un candidat sans grand charisme ni base électorale, laisse le champ libre à l'ex-négociateur du dossier nucléaire pour attirer sur son nom ce vendredi les voix des électeurs réformistes ou las des sanctions imposées à l'Iran du fait de ses activités nucléaires.

En apportant son soutien à Hassan Rohani, Mohammad Khatami, qui a lui-même demandé à Reza Aref de se retirer, cherche clairement à rassembler les suffrages des partisans de l'ouverture à l'occasion d'un scrutin qui fait la part belle aux conservateurs fidèles à l'ayatollah Ali Khameneï, guide suprême de la révolution islamique.

"Avec la lourde responsabilité qui est la mienne à l'égard du pays et du peuple, je donnerai ma voix à mon cher frère, le docteur Rohani", dit-il sur son site internet.

De son côté, Rafsandjani, cité par l'agence de presse Isna, a souligné que "Rohani s'était porté candidat après m'avoir consulté". "Avec tout le respect que je dois aux autres candidats, je voterai Rohani et je le considère comme mieux à même de diriger la branche exécutive", a ajouté l'ancien président.

Le retrait de Mohammad Reza Aref laisse six prétendants à la succession du conservateur nationaliste Mahmoud Ahmadinejad, auquel la Constitution interdit de briguer un troisième mandat.

Hassan Rohani, dignitaire religieux qui dirigeait la délégation iranienne lors des discussions avec l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne à l'issue desquelles l'Iran a accepté de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium de 2003 à 2005, sera donc le seul candidat des modérés.

Ses cinq adversaires, dont l'actuel négociateur iranien dans le dossier nucléaire, Saeed Jalili, sont des fidèles du guide suprême et leurs programmes sont quasiment identiques en ce qui concerne les thèmes majeurs tels que le programme d'enrichissement d'uranium, à l'origine de vives tensions avec Israël et les puissances occidentales, ou le soutien au régime du président syrien Bachar al Assad.

Mais le camp conservateur pourrait être tenté lui aussi de réduire le nombre de ses candidats pour éviter qu'une dynamique ne se développe autour de Rohani dans ces derniers jours de campagne.

L'ÉCONOMIE, AUTRE POINT-CLÉ

La plupart des dossiers de portée internationale sont du ressort du guide, mais le président exerce une influence indirecte et tranche d'ordinaire les questions de politique intérieure telles que l'économie. Il occupe en outre le rang le plus élevé parmi les personnalités publiques.

L'ayatollah Khameneï, qui incarne l'autorité suprême, n'a quant à lui pas pris parti pour la présidentielle et assure que sa voix ne vaut pas plus qu'une autre.

Contestée par les candidats réformistes Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en 2009 a soulevé une vague de contestation sans précédent depuis la révolution islamique de 1979. Elle a été violemment réprimée et les deux hommes, dont les partisans ont été largement marginalisés, sont assignés à résidence depuis deux ans.

Outre l'ouverture politique et diplomatique, l'économie, durement touchée par les sanctions internationales liées à la poursuite du programme nucléaire, sera l'un des principaux enjeux du scrutin.

L'inflation atteint 30% par an, les revenus pétroliers ont quasiment diminué de moitié en 2012, et les banques iraniennes sont en grande partie coupées des circuits financiers internationaux, ce qui perturbe les échanges commerciaux.

RENVOI

Pour retrouver une ANALYSE sur le défi économique qui attend le successeur d'Ahmadinejad, double-cliquer sur (Jean-Philippe Lefief et Henri-Pierre André pour le service français)