(Actualisé avec communiqué)

par Dan Williams

JERUSALEM, 19 février (Reuters) - La justice israélienne a autorisé mardi la publication de détails concernant la mort d'un agent présumé du Mossad originaire d'Australie, qui s'est suicidé dans sa cellule en 2010 après plusieurs mois de détention à l'isolement.

Selon ces documents, l'homme alors âgé de 34 ans s'est pendu et personne n'est impliqué dans son décès. L'affaire n'a été révélée que la semaine dernière par une chaîne de télévision australienne qui l'a identifié sous le nom de Ben Zygier.

Le gouvernement israélien a également démenti une information de la chaîne australienne ABC selon laquelle Ben Zygier a été arrêté sur ordre de ses supérieurs du Mossad qui le soupçonnaient d'avoir divulgué des informations sur son travail aux services de renseignement australiens.

"A la suite de nombreux articles, le bureau du Premier ministre souligne que M. Zygier n'a aucun lien avec les services et les organes de sécurité australiens", déclarent les services de Benjamin Netanyahu, qui ne s'était pas jusqu'à présent exprimé spécifiquement sur cette affaire.

Le communiqué ajoute qu'Israël et l'Australie ont partagé "une pleine coordination et une totale transparence en traitant les questions à l'ordre du jour."

Sans confirmer son identité, les autorités israéliennes ont reconnu qu'un homme ayant la double nationalité australo-israélienne était détenu au secret pour atteinte à la sûreté de l'Etat. Son décès est selon elles survenu le 15 décembre, ce qui correspond à la date gravée sur la tombe de ce juif natif de Melbourne qui avait émigré en Israël.

PENDU AVEC UN DRAP

Les détails publiés mardi proviennent de l'enquête qu'un juge a achevée il y a deux mois. Selon ses conclusions, il s'est pendu à l'aide d'un drap humide attaché aux barreaux de la fenêtre des toilettes de sa cellule.

Selon la presse israélienne, la zone avait été laissée en dehors du champ des caméras de surveillance pour préserver son intimité.

Excluant toute implication extérieure sur la base des constations médicales et physiques, la juge Dafna Blatman-Kardai précise que l'entrée de la cellule était surveillée par une caméra. L'examen de l'enregistrement, poursuit-elle, montre que personne n'est "intervenu dans la mort du défunt".

Elle ajoute que sa famille, qui ne s'est pas exprimée publiquement depuis les premières révélations, est en accord avec ces conclusions.

La magistrate parle d'éléments suggérant a priori une négligence de la part de l'autorité pénitentiaire et précise que des instructions spéciales évoquant un risque de suicide lui avaient été transmises.

Un porte-parole du ministère de la Justice a indiqué que l'affaire pourrait donner lieu à des poursuites.

Le cas de ce "prisonnier X" a soulevé de nombreuses questions en Israël et en Australie concernant le recours aux détenteurs de la double nationalité dans les rangs du Mossad. (Jean-Philippe Lefief et Pascal Liétout pour le service français)