(Citation Kerry § 10-11)

JERUSALEM, 30 avril (Reuters) - Israël a accueilli favorablement mardi l'infléchissement apparent des pays arabes dans le processus de paix au Proche-Orient, le Premier ministre du Qatar évoquant un échange de territoires entre Israël et les Palestiniens au lieu du retour strict aux frontières de 1967 que la Ligue arabe réclamait jusqu'alors.

Cheikh Hamad bin Jassim al Thani a fait cette déclaration lundi soir à Washington, à l'issue d'une réunion entre le secrétaire d'Etat américain John Kerry et des ministres et responsables des principaux pays arabes du Proche-Orient.

Le dirigeant qatari a évoqué explicitement la possibilité d'un échange de territoires, mesure jugée inévitable pour parvenir à un accord de paix, mais que les pays arabes se refusaient jusqu'à présent à endosser pour ne pas légitimer la colonisation israélienne.

"La délégation de la Ligue arabe a soutenu qu'un accord devrait être basé sur la solution de deux Etats sur les frontières du 4 juin 1967, avec (la possibilité) d'un échange limité et comparable de territoires", a dit le Cheikh Hamad al Thani, qui est à la fois Premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar.

"Israël accueille favorablement l'encouragement donné au processus de paix par la délégation de la Ligue arabe et le secrétaire d'Etat (américain)", a déclaré un haut responsable du gouvernement israélien.

NOUVELLES "TRÈS POSITIVES"

La ministre de la Justice Tzipi Livni, chargée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de la négociation avec les Palestiniens, a parlé de son côté à la radio de l'armée de nouvelles "très positives."

"Cela permettrait aux Palestiniens d'entrer dans la pièce et de faire le compromis nécessaire. Cela constitue un message pour l'opinion publique israélienne, à savoir que ce n'est pas une simple affaire entre nous et les Palestiniens", a-t-elle ajouté.

Saeb Erekat, le principal négociateur palestinien, a déclaré que la déclaration du Qatar reflètait la position adoptée de longue date par les Palestiniens.

"En cas d'acceptation sans équivoque par Israël de la solution à deux Etats sur la base des frontières de 1967, l'Etat de Palestine pourrait envisager des modifications de frontière mineures, convenues de part et d'autre, égales en taille et en quantité, dans la même zone géographique, et qui ne nuisent pas aux intérêts palestiniens", a-t-il dit.

"Il s'agit d'un très grand pas en avant", a estimé mardi John Kerry lors d'une conférence de presse. "Nous allons continuer à aller de l'avant et tenter d'amener les gens à la table des négociations, malgré les difficultés et les déceptions du passé", a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis, qui aimeraient relancer un processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis 2010, voulaient s'assurer qu'une telle initiative bénéficierait du soutien des pays de la région, ce qui pourrait, espèrent-ils, inciter Israël au compromis. (Jeffrey Heller, avec Arshad Mohammed à Washington, Tangi Salaün et Pascal Liétout pour le service français)