(Actualisé avec l'audition)

par Patricia Zengerle et Phil Stewart

WASHINGTON, 31 janvier (Reuters) - L'ancien sénateur républicain Chuck Hagel, entendu jeudi par une commission sénatoriale qui doit se prononcer sur sa nomination à la tête du Pentagone, s'est efforcé de dissiper les accusations de ses détracteurs qui le disent trop souple à l'égard de Téhéran et trop distant vis-à-vis d'Israël.

Désigné le 7 janvier par le président démocrate Barack Obama pour remplacer Leon Panetta au poste de secrétaire à la Défense, ce conservateur atypique qui a combattu au Vietnam s'est notamment opposé à l'intervention américaine en Irak en 2003, ce qui a scellé sa rupture avec le Parti républicain.

Rares sont ceux qui doutent de sa confirmation, mais au moins trois membres conservateurs de la commission sénatoriale des Forces armées n'y sont pas favorables. Parmi eux figure James Inhofe, numéro un du parti républicain au sein de cette commission.

"Les antécédents de Hagel sont profondément troublants et sortent de l'ordinaire. Il semble qu'il soit trop souvent enclin à souscrire à la vision du monde qui recommande de ménager nos adversaires et de fuir nos partenaires", a-t-il déclaré avant même que l'intéressé n'ait pris la parole.

"Aucun vote, aucune déclaration ni aucun communiqué isolé ne peut définir ce que je suis, mes convictions ou mon bilan", a rétorqué Chuck Hagel. "Ma vision du monde dans son ensemble n'a jamais changé : l'Amérique possède et doit conserver la plus puissante armée du monde."

Carl Levin, président de la commission, a quant à lui assuré que ses craintes au sujet des critiques formulées par Chuck Hagel concernant les sanctions unilatérales infligées à l'Iran étaient désormais dissipées.

Outre l'Iran et Israël, l'ancien sénateur du Nebraska, qui prônait en 2011 "une cure d'amaigrissement", a également dû s'expliquer ses projets budgétaires.

POLITIQUE DE LA PRÉVENTION

Une fois sa nomination confirmée par la commission des Forces armées, elle sera soumise à l'ensemble des sénateurs. Parmi les 45 élus républicains, un seul - Thad Cochran du Mississippi - a émis un avis favorable.

Avant son audition, Chuch Hagel s'est entretenu avec 53 membres de la chambre haute.

"Nous avons eu une bonne discussion, mais il est évident que nous avons des points de vue très différents sur certains points fondamentaux", a estimé Susan Collins, élue républicaine du Maine, qui a eu une discussion d'une heure et demie avec lui mardi.

Le probable successeur de Leon Panetta a en outre remis aux sénateurs un document de 112 pages dans lequel il détaille ses positions sur de nombreux sujets.

En ce qui concerne l'Iran, il y promet de faire en sorte que l'armée se tienne prête frapper si nécessaire. Il souligne toutefois que l'usage de la force doit être envisagé avec "prudence et en toute certitude".

Aucune option ne doit être exclue, a-t-il souligné au début de son audition. Mais d'ajouter: "Ma politique est celle de la prévention et pas de l'endiguement".

Chuck Hagel s'est également engagé à ce que les Etats-Unis restent un garant "infaillible" de la sécurité d'Israël.

"Je m'assurerai que notre ami et allié Israël maintienne sa suprématie militaire dans la région", a-t-il insisté.

Il s'est par ailleurs dit favorable au retrait progressif d'Afghanistan et a promis de faire en sorte que les femmes et les homosexuels disposent des mêmes droits que les autres militaires.

La commission des forces armées est formée de 14 démocrates et de 12 républicains. Pour l'ensemble du Sénat, la majorité démocrate compte 55 sièges. La confirmation ne devrait donc pas poser de problème, mais quelques voies républicaines seront nécessaires pour échapper à d'éventuelles manoeuvres procédurières. (Jean-Philippe Lefief pour le service français)