* Les combats ont lieu autour d'une gare

* La route vers Deraa coupée

* Valerie Amos à Damas

* Les armes chimiques inquiètent Israël

* Les chances d'Assad de plus en plus minces, selon Medvedev

par Dominic Evans

BEYROUTH, 27 janvier (Reuters) - Des combats entre forces gouvernementales et rebelles syriens ont éclaté dimanche dans le sud-ouest de Damas, ce qui a entraîné la fermeture de la route menant à Deraa, au Sud, rapporte l'opposition.

L'affrontement, qui se déroule autour d'une gare ferroviaire du quartier de Qadam, coïncide avec la visite de Valerie Amos, secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée des affaires humanitaires, qui s'est rendue dans la capitale avant une conférence sur l'aide aux déplacés organisée au Koweït.

Des séquences vidéo diffusées sur internet montrent des insurgés se lançant à l'assaut de la gare. On peut y voir des hommes armés en tenue civile se mettre à couvert alors que des coups de feu claquent, ou d'autres combattants inspectant le bâtiment après sa "libération", selon le terme employé par le commentateur.

Une autre vidéo montre une colonne de fumée s'élevant au-dessus de constructions en béton, après un raid de l'aviation contre la gare, toujours selon les rebelles.

Les médias syriens n'ont pas évoqué ces combats et les informations transmises par l'opposition sont invérifiables du fait des entraves imposées à la presse.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation proche de l'opposition dont le siège est à Londres, l'aviation et l'artillerie ont également bombardé des localités de l'est et du sud de la capitale aux mains des insurgés.

CHANGEMENT DE TON À MOSCOU

A Jérusalem, le vice-Premier ministre israélien Silvan Shalom a évoqué une possible intervention de Tsahal si des armes chimiques venaient à tomber entre les mains des rebelles ou du Hezbollah libanais.

Une telle évolution représenterait "un franchissement de toutes les lignes rouges qui nécessiterait une nouvelle approche, y compris même des opérations préventives", a-t-il souligné, ajoutant que l'état-major israélien avait déjà élaboré des plans en ce sens.

Le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a quant à lui jugé "de plus en plus minces" les chances de voir Bachar al Assad se maintenir au pouvoir.

Le président syrien, dit-il dans un entretien accordé à CNN, a peut-être commis une erreur "fatale" en n'impulsant pas de réformes politiques suffisamment rapides.

Aucun dirigeant russe n'avait jusque-là été aussi clair sur l'avenir du président syrien, confronté depuis mars 2011 à un mouvement de contestation qui s'est mué en guerre civile.

Dmitri Medvedev réaffirme toutefois la position de la Russie, selon laquelle le sort d'Assad ne relève que du peuple syrien et le rôle de la communauté internationale consiste à encourager l'ouverture de négociations.

Valerie Amos, qui devait être reçue au ministère syrien des Affaires étrangères, ne s'est pas exprimée à Damas, où elle s'est rendue avant la conférence de mercredi au Koweït. L'Onu espère y recueillir 1,5 milliards de dollars de promesses de dons en faveur des 650.000 réfugiés et des millions de déplacés en Syrie même.

Mercredi dernier, la diplomate s'était indignée du "prix terrible" que l'inaction des grandes puissances fait payer aux Syriens.

"Quatre millions de personnes ont besoin d'aide, deux millions sont déplacées (à l'intérieur des frontières syriennes) et 400.000 des 500.000 réfugiés palestiniens sont affectés", a-t-elle déploré au Forum économique mondial de Davos.

"Nous devons trouver les moyens d'aider davantage de monde, en particulier dans les zones où nous ne pouvons toujours pas nous rendre et où les combats se poursuivent." (Avec Alexei Anishchuk à Moscou et Dan Williams à Jérusalem; Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Henri-Pierre André)