par Jeffrey Heller

JERUSALEM, 6 janvier (Reuters) - Benjamin Netanyahu a multiplié les interventions médiatiques dimanche pour tenter d'enrayer une poussée de l'extrême droite aux élections législatives anticipées du 22 janvier en Israël.

La victoire, en nombre de sièges à la Knesset, ne fait pratiquement pas de doute pour le Likoud du Premier ministre sortant, qui a reconduit son alliance de gouvernement avec le parti ultranationaliste Israel Beitnu (Israël Notre Maison) de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman.

Mais les derniers sondages d'intentions de vote montrent que le Bayot Yehudi, du millionnaire et ancien colon Naftali Bennett, qui prône l'annexion d'une partie de la Cisjordanie occupée, risque de mordre sur l'électorat traditionnel de "Bibi" Netanyahu.

La semaine dernière, le parti de Bennett était ainsi donné en deuxième position. "Je crois qu'il existe une seule manière de garantir le maintien de la droite au pouvoir en Israël, c'est de voter pour moi, pour la liste commune Likoud-Israel Beitenu", a déclaré le chef du gouvernement sur Radio-Israël.

"Toute autre attitude, de la part de ceux qui souhaitent mon maintien aux affaires mais ne voteraient pas pour moi, accroîtrait les perspectives d'un retour au pouvoir de la gauche à notre place".

Aucune formation n'a réussi à gagner seule les élections législatives en Israël. Une bonne performance pour le parti de Naftali Bennett augmenterait ses chances d'obtenir un rôle important au sein de la coalition pilotée par Benjamin Netanyahu.

Cela aurait aussi pour effet d'accroître les inquiétudes des chancelleries à propos de la politique de colonisation de l'Etat juif. Les pourparlers de paix israélo-palestiniens sont gelés depuis 2010, ce qui n'empêche pas la colonisation de gagner chaque jour du terrain.

PIQUE AU VIF

"Bibi" Netanyahu n'accorde que de très rares interviews aux médias israéliens et le fait qu'il s'exprime au micro de Radio-Israël et de la radio militaire illustre sa nervosité devant les gains enregistrés par la formation de Naftali Bennett.

Selon un sondage de Radio-Israël, Bayit Yehudi obtiendrait au soir du 22 janvier 18 sièges de députés, soit cinq de plus que dans le Parlement sortant, contre 35 à la coalition emmenée par le chef du gouvernement.

Le Premier ministre, avec à sa droite Naftali Bennett, est également confronté au défi que représentent les formations du centre et de gauche.

Samedi, l'ancienne responsable de la diplomatie israélienne, Tzipi Livni, à la tête de la formation centriste Hetenuah, a annoncé qu'elle allait discuter avec les chefs de file du parti centriste Yesh Atid et du Parti travailliste de la création d'"un front uni pour remplacer Benjamin Netanyahu".

D'après les sondages, ces trois formations totaliseraient environ 37 des 120 sièges de la Knesset, soit deux de plus que le nombre prévu pour la coalition Likoud-Israel Beitenu.

Les désaccords sur les conditions d'une alliance centre-gauche rendent toutefois cette dernière hypothétique.

Benjamin Netanyahu a également été piqué au vif par les propos tenus par l'ancien chef du Shin Bet, les services de renseignements intérieurs, Yuval Diskin, qui a dénoncé sa "faiblesse" et ses "hésitations" dans un entretien publié vendredi dans le "Yedioth Ahronoth".

L'an dernier, l'ex-patron du Shin Bet, qui a pris sa retraite en 2011, avait accusé l'actuel Premier ministre de chercher à livrer "une guerre messianique" à l'Iran.

Evoquant ces propos, Benjamin Netanyahu a répondu dimanche à la radio: "Ils disent que je poursuis une mission messianique. Laissez-vous dire quelque chose: je suis effectivement en mission, mais pas d'ordre messianique. Il s'agit d'une mission de lucidité". (Jean-Loup Fiévet pour le service français, édité par Pascal Liétout)