LONDRES, 4 décembre (Reuters) - La Première ministre britannique, Theresa May, demandera mardi aux députés de soutenir l'accord de Brexit qu'elle a conclu en novembre avec l'Union européenne, au premier jour d'un débat à la Chambre des Communes primordial pour l'avenir du Royaume-Uni et sa sortie de l'UE avec ou sans accord au 29 mars prochain.

La volonté de Theresa May de maintenir des liens étroits avec l'UE après le Brexit a été critiquée aussi bien par les députés eurosceptiques (les "Brexiters") que ceux favorables au maintien de la Grande-Bretagne dans l'UE (les "Remainers").

Le Parlement de Westminster est ainsi loin d'être acquis à la position de la Première ministre alors qu'il votera le 11 décembre sur l'accord de Brexit finalisé entre les négociateurs britanniques et européens.

Depuis que les dirigeants des Vingt-Sept ont validé le 25 novembre le projet de sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, le gouvernement britannique multiplie les mises en garde sur les risques d'un Brexit sans accord.

Tournée à travers le Royaume-Uni, rendez-vous télévisés, entretiens avec des députés: Theresa May, 62 ans, s'est démenée pendant dix jours pour tenter de convaincre les opposants à l'accord conclu avec Bruxelles.

Si le Parlement britannique venait à se prononcer contre cet accord, Theresa May pourrait demander un nouveau vote après renégociation avec l'UE, mais un tel revers rapprocherait la Grande-Bretagne d'un Brexit sans accord - avec le risque d'un choc plus violent pour l'économie britannique que la crise financière de 2008 - et accentuerait la pression sur May pour qu'elle démissionne.

D'autres scénarios sont aussi envisageables en cas de rejet par le Parlement de l'accord de Brexit, comme un nouveau référendum après celui de 2016 - un cas de figure dont May ne veut pas et qu'elle juge impossible -, voire l'annulation du Brexit.

Theresa May, en dépit des vents contraires, garde le cap.

"Le peuple britannique veut que nous allions de l'avant avec un accord qui honore le référendum et nous unisse de nouveau en tant que pays", va-t-elle déclarer mardi devant les députés, selon des extraits de son discours.

"C'est l'accord qui répond aux attentes du peuple britannique", ajoutera-t-elle.

Mais le compromis trouvé par Theresa May avec Bruxelles, dont les ministres britanniques admettent les imperfections, a accentué les critiques des pro- et anti-Brexit. Brexiters comme Remainers ont annoncé qu'ils se prononceraient contre le projet de sortie de l'UE établi par Theresa May et certains, dans les deux camps, ont menacé de voter la défiance contre la Première ministre.

Le débat de cinq jours prévu aux Communes dès mardi devrait donner un aperçu plus clair de l'opposition à laquelle Theresa May fait face.

Jusqu'à six amendements visant à renégocier certains terme de l'accord de Brexit pourront être retenus le 11 décembre, date à laquelle s'achèvera le débat. Ces amendements ne seront pas juridiquement contraignants, mais Theresa May pourra difficilement les ignorer. (Elizabeth Piper; Jean Terzian pour le service français)