Londres (awp/afp) - La croissance économique au Royaume-Uni s'est un peu ressaisie en novembre, mais continue à manquer de tonus du fait des incertitudes du Brexit, a annoncé vendredi l'Office des statistiques nationales (ONS).

Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,2% sur un mois, soit un léger frémissement après 0,1% en octobre et une stabilité en septembre.

Le chiffre de novembre est meilleur que prévu par les économistes interrogés par Bloomberg qui tablaient en moyenne sur une croissance de 0,1%.

Cette relative bonne nouvelle publiée à quelques jours d'un vote crucial au Parlement britannique sur le Brexit n'a toutefois pas de quoi rassurer sur la santé de l'économie du pays.

Sur les trois mois achevés fin novembre, le PIB n'a progressé que de 0,3%, soit le taux le plus faible depuis fin mai.

Ce chiffre laisse augurer d'un net coup frein au quatrième trimestre, après un rebond durant l'été, signe que les ménages et les entreprises redoublent de prudence à l'approche du Brexit dont les contours sont plus flous que jamais.

"La croissance de l'économie britannique a continué de ralentir lors des trois mois à novembre 2018 après s'être mieux comportée au milieu de l'année", remarque Rob Kent-Smith, responsable des comptes nationaux à l'ONS.

La Première ministre Theresa May est très loin d'être assurée de voir l'accord négocié avec Bruxelles validé par les députés britanniques mardi prochain, au risque de renforcer l'idée d'un Brexit sans accord ou d'un report de la date de sortie, prévue fin mars.

Le détail des chiffres de croissance montre que l'activité souffre encore d'une déprime de la production industrielle, en baisse de 0,4% en novembre sur un mois.

La production manufacturière, qui reflète l'activité dans les usines, a en particulier reculé pour le cinquième mois consécutif, plombée par l'automobile, sa "plus mauvaise série depuis la récession de 2008-2009", souligne Ben Brettell, économiste chez Hargreaves Lansdown.

En revanche, le secteur des services (commerce, finance, transport, etc.), dominant au sein de l'économie britannique, est resté bien orienté, avec une hausse de 0,3% en novembre.

L'ONS souligne que cette performance s'explique par la bonne tenue des ventes au détail, dopées par les soldes du Black Friday.

S'ils sont très prudents au moment d'établir des prévisions sur 2019 compte tenu des incertitudes du Brexit, les économistes anticipent d'ores et déjà une croissance ralentie à 1,3% pour 2018 d'après un panel indépendant interrogé par le Trésor.

Selon M. Brettell, "deux facteurs jouent" dans ce ralentissement: "l'économie mondiale semble s'essouffler", affaiblie par la Chine et les tensions commerciales avec les Etats-Unis, tandis que "les entreprises britanniques font face à un important vent contraire avec le Brexit".

afp/buc