De façon à respecter l’accord de Belfast d’avril 1998 mettant un terme à 30 ans de guerre civile et supprimant la frontière entre sud et nord, Dublin, Londres et Bruxelles s’étaient engagés en décembre puis en mars derniers à inclure une clause de sauvegarde dans l’accord final sur le Brexit dans l’hypothèse où aucune entente commerciale ne serait trouvée d’ici décembre 2020 et la fin de la période de transition. Cette clause implique principalement de ne jamais rétablir de frontière physique sur l’île. 

Ainsi l’UE propose un filet de sécurité ("backstop"), un statut spécial pour l’Irlande du Nord qui resterait dans l’union douanière même après 2020, contrairement au reste du Royaume-Uni que Bruxelles ne souhaite surtout pas épargner, avec des contrôles maritimes en Mer d’Irlande.

Mais Theresa May, sous la pression du Parti unioniste démocrate (DUP) qui réunit la fine fleur des populistes eurosceptiques irlandais et dont dépend sa majorité au Parlement, veut conserver l’intégrité du territoire britannique. Pour le mouvement extrémiste, qui parle de "vandalisme constitutionnel gratuit" au sujet de la proposition européenne, pas question que l’Irlande du Nord soit administrée par Bruxelles plutôt que par Londres. Les maîtres-chanteurs du DUP menacent par conséquent la Première Ministre de ne pas voter le budget britannique et de faire imploser le gouvernement si leur volonté n’est pas respectée

Selon le Financial Times, Michel Barnier, négociateur en chef pour l’Europe, aurait proposé de prolonger la période de transition d’un an supplémentaire afin de tempérer les ardeurs et de dégager davantage de temps pour entériner les futures relations commerciales entre l’UE et le Royaume-Uni.

Mais cette nouvelle offre n’éliminant pas les désaccords à propos du backstop, elle ne règle en rien la question de l’Irlande du Nord. Selon Donald Tusk, une absence d’accord est "plus probable que jamais". Le président du Conseil européen demande à Theresa May des "propositions concrètes" pour sortir de l’impasse.

En tenant compte des délais de ratification des différents parlements nationaux, un accord devra toutefois être conclu au mois de décembre au plus tard, sans quoi des contrôles aux frontières et des tarifs douaniers seront rétablis en mars prochain, au risque de plonger le Royaume-Uni en récession dès 2019.