Le rapport sur "le système monétaire international pour le XXIe siècle" estime aussi qu'il serait "intéressant" d'examiner le rôle potentiel de monnaie de réserve des DTS (droits de tirage spéciaux), l'unité de compte du FMI, dans un monde "de plus en plus multipolaire".

Il est signé par de grands noms de la finance, d'anciens directeurs généraux du FMI - le Français Michel Camdessus et l'Allemand Horst Köhler - un ex-président de la Fed américaine, Paul Volcker, ou le vice-gouverneur de la Banque centrale de Chine Xiaolian Hu.

Rendu public trois jours avant la présentation par le Nicolas Sarkozy de l'agenda de la présidence française du G20, ce rapport se veut une contribution au débat sur les leçons à tirer de la crise financière de 2008.

S'il se félicite des initiatives prises dans le cadre du G20, il s'inquiète de dangers persistants liés au "développement rapide" d'un système bancaire parallèle (shadow banking) ou de l'absence de traitement à ce jour des faiblesses structurelles des dispositifs monétaires internationaux.

Il déplore ainsi que la discipline nécessaire à un ajustement ordonné du système fasse défaut et veut renforcer la surveillance du FMI sur ses membres.

Cette surveillance "doit porter sur les politiques budgétaire, monétaire et financière des États, avec une attention particulière accordée aux évolutions du taux de change et de la liquidité mondiale", écrivent-ils.

Le rapport plaide pour le renforcement des obligations multilatérales, sur la base de normes "claires et objectives" et d'indicateurs quantitatifs appliqués aux politiques et aux performances économiques et financières des pays membres.

Ces indicateurs serviraient de signal d'alarme en cas de franchissement de seuils "appropriés".

Des procédures d'évaluation permettraient d'identifier les causes et les conséquences de tout écart, ajoutent les auteurs du rapport, pour qui cela doit intégrer "la possibilité de mettre en place des dispositifs d'incitations et des sanctions".

PRÊTEUR EN DERNIER RESSORT

La volatilité des taux de change, dont l'évolution peut être sans rapport avec les fondamentaux des économies, est une autre source d'inquiétude des auteurs du rapport.

Ils déplorent que le FMI, chargé de surveiller les politiques de change de tous ses États membres, ait manqué jusqu'ici de fermeté sur ce chapitre.

Ils proposent là encore la mise en place d'indicateurs fondés sur les données macro-économiques des grands pays afin d'évaluer le degré d'instabilité ou de désajustement de leurs monnaies, et donc la nécessité de politiques correctrices.

S'agissant de la liquidité globale, dont l'expansion a contribué aux déséquilibres à l'origine de la crise, ils souhaitent le recours à une approche commune qui permette de mieux la mesurer et de comprendre ses évolutions.

Cela implique, selon eux, une "coopération plus étroite entre les banques centrales et les autorités responsables des politiques macro-prudentielles des principales économies et places financières, afin de veiller à ce que les conditions de liquidité au plan mondial soient compatibles avec une stabilité systémique durable".

Pour eux, le recours par certains Etats au contrôle des mouvements de capitaux pour protéger leurs économies, comme c'est le cas aujourd'hui du Brésil ou du Chili, doit être "limité au strict nécessaire".

Ils estiment que, en période de crise, le FMI doit pouvoir davantage jouer le rôle "de prêteur en dernier ressort au niveau mondial", ce qui offrirait à ses membres "un filet de sécurité financière plus solide, à un coût moindre pour les pays et pour le système lui-même que l'accumulation de réserves".

Enfin, ils recommandent d'améliorer la gouvernance du Fonds par une "architecture intégrée" à trois niveaux : les chefs d'État ou de gouvernement, qui se réuniraient une fois par an en temps normal, les ministres des Finances et les gouverneurs de banques centrales qui prendraient les décisions stratégiques, et les administrateurs, chargés du seul contrôle des travaux du FMI, ainsi que son directeur général.

Yann Le Guernigou et Emmanuel Jarry, édité par Benoît Van Overstraeten