par Patrick Worsnip

"Le chemin de la reprise après la Grande Récession se révèle long, sinueux et précaire", notent les Nations unies dans ce rapport sur la "Situation économique mondiale et perspectives pour 2011".

"Après une année de reprise fragile et inégale, la croissance de l'économie mondiale est en train de ralentir", poursuit l'Onu.

"Tous les indicateurs montrent un ralentissement de la croissance économique mondiale évaluée à 3,1% en 2011 et 3,5% en 2012, des niveaux trop faibles pour recréer les emplois détruits par la crise financière et économique", ajoutent les Nations unies.

Ces projections de croissance diffèrent de celles publiées ces deux derniers mois par le Fonds monétaire international (FMI) et par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (ODCE), qui tablent sur une croissance mondiale de 4,2% en 2011. Les économistes de l'Onu attribuent ces divergences aux modes de calcul des taux de change.

Région par région, l'Onu estime que le produit intérieur brut des Etats-Unis, qui a gagné 2,6% cette année, ne progressera que de 2,3% l'année prochaine, soit 0,3 point de moins que ses précédentes prévisions, diffusées en mai.

La croissance sera encore plus faible dans les pays de la zone euro (1,3%) et au Japon (1,1%).

"La reprise pourrait subir de nouveaux revers et une deuxième vague de récession se dessine pour l'Europe, le Japon et les Etats-Unis", relèvent même les Nations unies.

"NOUS NE SOMMES PAS ENCORE TIRÉS D'AFFAIRE"

Au total, ce sont une fois de plus les pays émergents, au premier rang desquels la Chine, l'Inde et le Brésil, qui tireront la croissance mondiale vers le haut.

Depuis fin 2009, calcule l'Onu, la contribution de ces pays à l'expansion économique mondiale s'est faite à hauteur de plus de 50%. Mais même leur croissance devrait ralentir, autour de 6% en 2011 et 2012 contre 7% cette année.

"Le message central c'est que non, nous ne sommes pas encore tirés d'affaire et que des risques majeurs sont toujours en train de se développer", a déclaré à la presse Rob Vos, coordinateur du rapport.

Le rapport de l'Onu critique implicitement les pays qui ont abandonné leurs mesures de soutien à l'économie et sont passés à des politiques de rigueur budgétaire. "A mesure que les gouvernements passent du soutien budgétaire à l'austérité, le processus de reprise est encore plus compromis", peut-on lire.

"Le retrait des mesures de soutien est compréhensible compte tenu de l'importance des déficits budgétaires et de la croissance de la dette publique dans de nombreux pays développés, mais dans le même temps, nous estimons qu'il reste beaucoup d'espace budgétaire disponible pour des mesures supplémentaires de soutien."

Et se focaliser sur la réduction de la dette sans mesures de soutien de l'activité pourrait devenir une "stratégie vouée à l'échec", ajoute Rob Vos, parce que le ralentissement de la croissance risque d'accentuer le problème de la dette.

Reflétant les appels répétés de l'Onu en faveur d'une meilleure coordination internationale des politiques économiques, les auteurs de "Situation économique mondiale et perspectives pour 2011" déplorent que "l'esprit de coopération entre les principales économies (soit) en déclin, ce qui a affaibli l'efficacité des réponses à la crise".

Henri-Pierre André pour le service français