BRASILIA, 3 janvier (Reuters) - Le nouveau ministre brésilien de l'Economie, Paulo Guedes, a promis mercredi d'engager son pays sur la voie libérale et réduire l'intervention de l'Etat dans l'économie, une annonce qui a fait monter les marchés financiers et la devise nationale.

Au lendemain de l'investiture de Jair Bolsonaro, qui a signé un décret prévoyant la hausse du salaire minimum, Paulo Guedes s'est engagé à réduire les impôts, à conduire des privatisations et à diminuer la dépense publique.

Celui qui est chargé de diriger un "super ministère" de l'Economie a annoncé que sa première priorité serait celle de la réforme du système des retraites.

"Une importante réforme des retraites nous permettra d'obtenir dix années de croissance", a dit Paulo Guedes, qui fut l'élève de l'économiste ultra-libéral Milton Friedman et appartient au courant de pensée de l'école de Chicago qui défend une économie dans laquelle l'intervention de l'Etat doit se réduire au strict minimum.

Les investisseurs sont convaincus que le nouveau président et l'équipe économique qui l'entoure parviendront à réduire rapidement le déficit budgétaire. Cette confiance a contribué au maintien du réal, qui a gagné 2,4% mercredi après les déclarations du nouveau ministre de l'Economie.

Ce nouveau cap économique s'inscrit dans la volonté de Jair Bolsonaro de "libérer le Brésil du socialisme et du politiquement correct", comme l'ancien officier de l'armée l'a confié au moment de prêter serment.

A peine investi dans ses fonctions de président, Jair Bolsonaro a publié mercredi un décret transférant au ministère de l'Agriculture la responsabilité des territoires attribués aux peuples autochtones, une victoire pour l'agrobusiness qui l'avait ardemment soutenu pendant sa campagne.

Le nouveau chef de l'Etat a transféré la Funai (Fundação Nacional do Índio, Fondation nationale de l'Indien), agence gouvernementale jusqu'ici placée sous la tutelle du ministère de la Justice, au sein du ministère de la Famille, des Femmes et des Droits de l'Homme, le ministère de l'Agriculture récupérant toute décision concernant les territoires indigènes.

Jair Bolsonaro souhaite que les terres revendiquées par les Indiens du Brésil soient ouvertes à des activités commerciales et préconise l'"intégration" des Indiens au sein de la société brésilienne.

Les défenseurs de l'environnement estiment que ces projets du nouveau président aboutiront à la destruction des cultures et langues autochtones et soulignent que les peuples indiens du Brésil sont les derniers gardiens de l'Amazonie, la plus grande forêt tropicale au monde, vitale pour la stabilité climatique.

Bolsonaro, premier président du Brésil issu de l'extrême droite depuis la dictature militaire (1964-185), a par ailleurs confié à l'un des généraux à la retraite qui composent son gouvernement la tâche de superviser les activités des ONG étrangères.

Pour justifier ce décret, Bolsonaro a écrit sur Twitter que les ONG avaient "exploité et manipulé" les peuples autochtones du Brésil. (Anthony Boadle, avec Ricardo Brito, Lisandra Paraguassu, Mary Milliken, Gabreil Stargardter et Brad Brooks; Nicolas Delame, Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français)