par Helen Popper

BUENOS AIRES, 9 novembre (Reuters) - Des centaines de milliers d'Argentins ont manifesté jeudi dans les principales villes du pays pour dénoncer la politique menée par la présidente Cristina Fernandez.

Facilement réélue il y a un an, la présidente de la seconde économique sud-américaine a vu sa popularité chuter sur fond de ralentissement économique, d'inflation estimée à 25% par an et de criminalité en hausse.

"Nous sommes descendus dans les rues car nous en avons assez du crime, assez de nous faire vider les poches. L'inflation est en train de nous tuer, nos pensions ne suivent pas", explique Daniel Gonzalez, un enseignant à la retraite de 70 ans, croisé dans le cortège des manifestants à Buenos Aires.

Dans la capitale, le rassemblement a réuni 700.000 manifestants, selon le département de la Justice et de la Sécurité de la ville. D'autres cortèges ont sillonné les villes de Rosario, Cordoba et Salta.

Les manifestations de jeudi n'ont pas été organisées par des partis politiques structurés, mais sont le fruit d'appels à la mobilisation relayés sur les réseaux sociaux.

Dans l'administration, des responsables dénoncent une agitation entretenue par l'extrême droite.

"Nous manifestons contre le gouvernement de Cristina pour qu'elle nous écoute. Elle n'est pas infaillible, contrairement à ce qu'elle prétend être. Avec une telle arrogance, nous n'irons nulle part, nous sommes déjà isolés dans le monde par le fait de sa politique", dit Pedro Dominguez, un médecin portègne de 56 ans.

En limitant les importations, le gouvernement argentin s'est mis à dos les partenaires commerciaux de l'Argentine. La prise de contrôle de la compagnie d'énergie YPF aux dépens de l'espagnole Repsol a tendu les relations avec Madrid.

Des opposants affirment aussi que la volonté gouvernementale de démanteler l'empire médiatique du groupe Clarin, au nom de la lutte contre les monopoles, constitue en fait une attaque contre la liberté d'expression.

Elue en 2007, Cristina Fernandez a été réélue en octobre 2011 avec 54% des voix, recueillant les fruits de l'expansion économique, de bonne tenue du marché de l'emploi et d'importants programmes sociaux.

La constitution l'empêche de briguer un troisième mandat consécutif, en 2015. Mais des médias argentins affirment que certains de ses alliés politiques pourraient être tentés de faire modifier la loi fondamentale du pays pour lever cette impossibilité. Aucun commentaire émanant de responsables du pouvoir n'a officialisé cet hypothétique projet. (Henri-Pierre André pour le service français)